Ça fait presque 40 ans que Nicola Sirkis vit en Indochine, vous me direz en Indochine ça n’existe plus. Eh bien oui celle à qui vous pensez l’ Indochine française c’est vrai, mais l’ autre ? Celle où vit aussi l’armée de fans d’un certain groupe de rock, celle- là oui elle existe bien.
« Indochine ça ne s’explique pas, ça se vit. » Tel est leur slogan et j’ajouterai même ça s’achète aussi., et pour preuve, si les prix des concerts sont modiques malgré leur somptuosité, le merchandising semble devenir le nerf de la guerre.
Pour célébrer cet anniversaire de presque un demi-siècle, le charismatique leader du groupe a ouvert une boutique éphémère pendant 4 jours au Palais Royal, peut- être s’est il inspiré des Stones qui viennent d’en ouvrir une, mais pas éphémère, et à Londres où il vit une partie de l’ année ?
Donc 4 jours d’un merchandising éphémère, 4 jours en Indochine. La veille, ils ont inauguré en catimini et seuls, l’ouverture de ce sésame pour la porte de leur « Paradize » Ils reçurent un disque de diamant venant récompenser leur précédent album, l’album 13 qui avait donné le nom à leur tournée.Photo : Indochine Officiel
Booste par leur succès que Nicola continue d’appeler » irrationnel » Il a d’ailleurs annoncé dans la presse belge qu’il y aurait certainement un 14ème album.
A l’annonce de l’ouverture de la boutique sur les réseaux sociaux, les fans du groupe annonçaient eux, alors qu’ils allaient ouvrir le cordon de la bourse et prévoyaient une dépense d’achats tous estampillés Indochine, dans la boutique, de 100 à 200 euros, voire plus, de quoi faire un coquet chiffre d’affaire pour la société responsable de ce projet, certains ayant dépensé 600 euros en moins de 15 minutes, même si mesures sanitaires obligent, ils ne pouvaient se rendre que par tranches de peu de personnes à la fois et seulement toutes les 15 minutes, ce qui ne fut guère respecté le premier jour puisqu’ on laissa gentiment entrer tout le monde.
Les fans Belges tenus à l’écart par le placement en zone rouge épidémique de Paris par leur gouvernement la veille même de l’inauguration de la boutique avaient passé des commandes à ceux qui pouvaient venir car évidement les articles de la boutique ne sont pas sur leur site Indoshop, encore une jolie astuce pour faire déplacer les foules en leur nom. Comme l’avait écrit jadis Paul Eluard, poète cher au cœur de Nicola, Liberté, j’ écris ton nom, les fans indochinois pourront désormais troquer liberté par Indochine et ainsi déclamer :
Sur mes cahiers d’écolier Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable sur la neige J’écris ton nom Sur toutes les pages lues Sur toutes les pages blanches Pierre sang papier ou cendre J’écris ton nom… Et conclure Et par le pouvoir d’un mot Je recommence ma vie Je suis né pour te connaître Pour te nommer Indochine
Car Indochine s’inscrit partout dans leurs vies , c’est bien plus qu’une profession de foi, bien plus qu’un credo, c’est effectivement inexplicable. Ils sont tous cette âme là qui bat depuis presque 40 ans dans un ciel musical qui n’est plus aussi bleu mais allant de plus en plus haut
. «Over the top « semble être le slogan secret de Nicola.
Alors comme toute perle, il lui faut un écrin, comme toute religion, il lui faut un temple, une église … pour pouvoir être en communion.
Et bien Indochine a son lieu, éphémère certes, mais cela semble bien être un galop d’essai pour ouvrir une véritable boutique et puis l’amour que leur porte leur public n’est certes pas éphémère.
C’est donc ce matin à 10 h rue de Valois au 168 que Nicola Sirkis tout juste sorti des studios d’NRJ était au rendez vous avec ses musiciens, avec cet immense respect qu’ il a pour son public et qui de ce fait le rend unique.
Il a lui même ouvert le store et accueilli les premiers arrivés comme tout bon directeur de boutique lors d’une inauguration.
Les fans du chanteur qui faisaient la queue jusqu’à la grille dorée de ce lieu mythique écarquillaient des yeux immenses devant tout l’Arsenal de la boutique : serviettes, tee-shirts, Teddy, tout pour satisfaire leurs moindres caprices.
Et même un petit carnet noir avec inscrit de la main de Nicola les paroles des chansons du premier coffret qu’ ils lançaient aujourd’ hui.
Nicola et ses boys comme les nomment les fans resta une bonne demi-heure à accueillir son public et à se prêter au jeu des selfies.
Sur le mur de l’entrée, un gigantesque 40 fait entièrement de roses noires affirmait ainsi tout le romanesque de ce groupe et une superbe photo du groupe en noir et blanc donnait le ton.
La galerie d’art Joyce, sobre et distinguée, était transformée en boutique de luxe indochinois et sur les écrans suspendus ont pouvait revoir des reportages sur le plus grand groupe de rock français, Indochine.
avec Thea la fille de Nicola
Quant aux surprises annoncées par le groupe sur les réseaux sociaux, je n’en ai aucune idée à moins que la surprise ce fut leur présence en toute simplicité pour rallumer encore plus fort la passion indochinoise qui brûle dans chaque cœur de leurs fidèles fans, certains depuis 40 ans et justement pour célébrer 40 ans de règne dans le cœur de ses fans, Nicola Sirkis a une fois de plus frappé très fort. Ce ne fut qu’un début, tout le reste est secret des dieux et il le distille avec gourmandise, un à un comme, les perles du chapelet de cette religion indochinoise qu’il a créé et qui dans le contexte actuel se porte plutôt bien.
En attendant Nico et ses boys
Je ne pensais pas un jour dans ma vie être capable de tant de patience et pourtant…
J’ ai attendu une journée entière debout puis assise au soleil du Jardin des Tuileries pour essayer de comprendre ce qui n’est pas compréhensible…
Ils et elles étaient tous là arrivant comme un banc d’ oiseaux migrateurs venus se réchauffer au soleil indochinois.
Tous ceux que l’ on voit aux concerts avaient pris d’assaut les Arcades du Jardin des Tuileries, tous ou presque portaient sur le dos le Teddy « Je serai ton chaos » ou les tee-shirts « Nos célébrations », certaines portaient leurs bébés dans les bras, et du bébé à la personne âgée, ils avaient tous répondu présent car aujourd’hui était le dernier jour de la boutique éphémère d’Indochine.
Tout le monde attendait le leader du groupe et ses musiciens dans cette fièvre que seul Indochine peut donner à ses fans.
Beaucoup avaient pris un jour de congé, certains étaient venus de Suisse et de partout en France.
A la boutique, la fille de Nicola, la ravissante Théa et la femme du guitariste Boris Jardel, la pétillante Elodie étaient devenues de plus en plus performantes et s’affairaient comme de véritables vendeuses le sourire aux lèvres.
Mention spéciale pour Nicolas avec « s » me précisa-t-il espiègle qui accueillait tout le monde avec beaucoup de sympathie et un véritable art de la communication.
Les fans d’Indochine sont formidables me déclara-t-il enchanté.
Vers 18h, la manageuse du groupe, demanda aux personnes présentes de se disperser car ils avaient reçu un coup de fil de la police, trop de monde agglutiné devant la porte de la boutique en période de Covid, c’était impensable.
« Allez faire un tour et revenez dans une demi-heure sinon nous serons obligés de fermer la boutique.«
Mais tout le monde resta derrière les grilles noires aux pointes dorées et assis par terre à quelques mètres du cordon de sécurité !
Le groupe, semble-t-il, était déjà arrivé et se tenait dans la boutique bien caché des regards gourmands de leurs fans.
La boutique quant à elle ne désemplissait pas, tous sortaient avec des sacs à l’ effigie des organisateurs de l’événement.
Le clou du spectacle était de voir Nicola faire des selfies avec lui, échanger brièvement un mot ou deux devant le gigantesque 40 en roses noires ou leur dernière photo en noir et blanc du studio Harcourt.
Certains savaient que le groupe apparaîtrait à ses fans à 19 h et c’était vraiment une apparition pour eux qui toute la journée avaient bravé la fatigue, et certains mêmes avaient le ventre creux mais malgré tout ils étaient visiblement contents de se retrouver tous.
Quant à moi, j’attendais avec impatience l’ apothéose de la journée, fourbue, rompue, n’ayant qu’une envie, rentrer chez moi.
Mais je voulais comprendre cette âme indochinoise que rien n’ébranlait.
A 19h précises, on a vu que les gens de la boutique fermaient leurs stores à l’intérieur.
Était-ce le signal que le groupe était bien là et qu’ils allaient bientôt pointer le bout de leur nez, cachés sous un masque sanitaire ?
Disciplinés, tous se rangeaient dans la file d’attente entre les cordons rouge de la sécurité.
L’homme de la sécurité nous fit entrer au compte goutte, on pouvait apercevoir Nicola et ses musiciens collés contre le bientôt légendaire 40, se faisant photographier avec un fan.
C’est Émilie qui officiait comme photographe en prenant à chaque fois les photos avec le portable des fans qui se faisaient tirer le portrait avec le groupe.
Alors, tout à coup on m’a poussée vers eux, j’ai donné mon portable à Émilie et Nicola a eu à peine le temps de me dire bonjour que déjà après m’avoir mitraillé, on me poussait cette fois ci vers la sortie de derrière.
« Vous avez fait vos achats ? » m’apostropha un des vendeurs venu de nulle part.
Non je n’ai rien acheté.
Alors là, crime de lèse-majesté, je fus violemment expédiée le plus vite possible vers la sortie.
Incapable de placer un mot tant cela a été vite, je me suis retrouvée soudain sur le trottoir où j’ai rejoint mon ami Mao Pinky Boy, la légende des fans d’ Indo.
J’ai vu alors qu’en moins de deux tous ceux qui étaient aujourd’hui aux Tuileries atterrissaient à vitesse grand V sur le trottoir à l’arrière de la galerie Joyce .
Tout est allé très vite, une sorte de chaîne sans âme cette fois ci.
Après avoir été traités en VIP pendant trois jours et demi au point où tout ce petit monde s’extasiait devant un tel traitement de la part de la boutique, voilà que soudain ils étaient tous traités comme des pestiférés ou du bétail et j’eu la triste impression que désormais la bourse vide, ils ne servaient plus leurs intérêts.
Nicola et le groupe se sont prêtés au jeu des selfies des fans avec une immense bienveillance toujours posant et voyant défiler devant eux toutes sortes de gens qui les aiment mais on avait l’impression que cet abattage finissait par frustrer le leader, lui qui aime tant échanger avec son public. Deux jours avant, il avait pu avoir un vrai contact avec eux en prenant le temps d’échanger quelques mots et quelques selfies calmement.
Moi aussi aujourd’hui j’ai joué le jeu, j’avais quelques questions à poser à Nicola sur ses sentiments sur ces 4 jours en Indoland mais on m’ a coupé littéralement les ailes, un peu comme dans son clip « Station 13 « et je n’ai pas pu placer un mot.
Certes, le groupe et son staff n’y sont pour rien, il faut bien satisfaire tout le monde et puis il se faisait tard et la galerie rêvait de fermer ses portes.
Émilie l’avait annoncé.
Pas la peine de stresser, tout le monde aura sa photo…et nous étions si nombreux !
Mais moi ce n’ était pas une photo que j étais venue chercher, c’ était l âme d’Indochine et… Je l ai trouvée dans les yeux émerveillés de leurs fans, des yeux d’enfant devant le sapin de noël qui attendent, tous âges confondus, l’arrivée du Père Noël.
Helena Mora
Photos : Indochine Officiel / Christian Evrard / SINED.L