La 31e édition de ce festival ne saurait se réduire aux seuls succès de ses deux têtes d’affiche.
Tout d’abord, le 3 juillet 2024, les Pretenders anglo-américains conduits par leur chanteuse emblématique Chrissie Hynde, septuagénaire au vibrato intact, comme revigorée depuis sa sortie de confinement passé dans sa maison de Londres par les jeunes musiciens talentueux qui l’accompagnent, revenaient enfin jouer en France après six ans d’une si longue absence.
En perfecto, coiffure auburn et avec les mêmes cuissardes qu’à ses 20 ans, elle a alterné de grands succès comme « Stop your Sobbing » reprise des Kinks avec de nombreux jolis textes du dernier album « Relentness ». Le titre « Domestic Violence » traite du silence domestique autour des violences intraconjugales alors que « Losing My Sense of Taste » parle des ravages de l’âge. Chœurs et voix s’étirent enfin de façon éthérée dans « The promise of love ».
Le lendemain soir, ces autres monstres sacrés des années 80 que sont les Deep Purple ont rappelé par un show millimétré (mêlant chorégraphies filmées ainsi qu’une scénographie alliant écran géant au dessus de la scène et deux autres encadrant cette dernière) qu’ils continuaient depuis 1968 à former la sainte trinité du hard rock avec Led Zeppelin et Black Sabbath. La grosse production qui organise cette tournée de Deep Purple alterne de grands succès du groupe tels que « Smoke on the Water » (sorti en 1972 sur l’album Machine Head) avec des titres de leur dernier album intitulé « = 1 ».
Du groupe originel restent le leader-chanteur légendaire Ian Gillan qui doit parfois ménager sa voix pour poursuivre son show, le batteur inoxydable Ian Paice qui se compare volontiers à Keith Moon des Who et l’efficace bassiste Roger Glover. Un claviériste sur orgue Hammond alterne solos de musique classique et accompagnement du groupe devant un théâtre de verdure saturé de spectateurs.
Soulignons enfin les excellentes prestations de, tout d’abord, Fatoumata Diawara qui nous a présenté voilée son dernier album London Ko métissant les sons entre la capitale anglaise et Bamako d’une part et d’autre part Sofia Tahi mixant influences marocaines et bretonnes, par ailleurs remarquable interprète de Nina Simone, qui nous présentait son groupe Two Roots ; ensuite l’étonnante chanteuse Janne Timmer du groupe hollandais Harlem Lake et enfin le groupe de blues – bien poisseux comme on l’aime – The Blue-footed Boobies, sans oublier aussi le non moins excellent Tribute to Calvin Russell dont la voix cabossée de bluesman a été magnifiée par un plateau orchestré par Manu Lanvin réunissant entre autres Gérard Lanvin, Charlélie Couture ou Johnny Galagher !
Olivier Desouches
Photos : Albane de Roffignac – Andy Corbras – David Parenteau – Patrick Bertrand – Bruno Migliano