Renaud : De gavroche au phénix

De gavroche au phénix

Alors que le net fait courir le bruit que l’éternel Renaud est très malade et n’a plus que quelques mois à vivre, je voudrais vous parler de cet artiste généreux, humble, pudique, qui vacille comme une flamme entre l’ombre et la lumière. Docteur Renaud, Mister Renard.

Je ne vous parlerai pas de l’alcool dans lequel il a tenté de noyer pendant des années son mal de vivre, à l’instar d’un autre poète. Jadis, Verlaine le faisait dans son absinthe.

Je ne vous parlerai pas de ses histoires d’amour avec les deux muses de sa vie, Dominique et Romane, qui ont à elles deux inspiré ses plus belles chansons d’amour, ni même de ses enfants Lolita et Malone qu’il a immortalisés dans ses chansons. Lui le pudique a su lever le voile sur ses plus profonds sentiments, touchant ainsi la France entière de plein fouet.

Le Gavroche parisien des débuts du café de la gare s’est mué en homme fatigué qui cache ses blessures en arborant un superbe tatouage de phénix, un peu comme un pied de nez à tous ceux qui ont tendance à l’enterrer trop vite.

Certes, Renaud n’a plus 2O ans. Il en a 66 et n’a plus non plus cette insolence superbe de se payer une page de pub dans le matin de paris avec ces simples mots « Tonton laisse pas béton » pour soutenir François Mitterand. Ce n’est plus non plus le même qui, fidèle en amitié (il avait rencontré Coluche sur les bancs du café de la gare avec sa joyeuse bande), se tenait à côté de son pote pour lancer avec lui les restos du cœur ; ce pote comme un frère, ce clown triste qui a tant dérangé et qui a été fauché par un camion. Putain de camion !

Renaud, avec son franc parler, sa gouaille, son argot tendre un peu canaille qui n’appartient qu’à lui, a marqué au fer rouge toutes les générations d’après mai 68.

Renaud n’est pas un simple artiste. C’est la couleur rouge passion du drapeau français. C’est le sourire tendre de Marianne. C’est le patrimoine culturel français. C’est la France que Raffarin, du haut de son arrogance sociale, à nommée avec mépris et dédain ; la France d’en bas, celle que Renaud revendique avec fierté. La France populaire.

Renaud, ce sont des millions de souvenirs qui hantent la mémoire de son public ; des pans entiers de vie écrites avec nos rires et nos larmes au rythme de ses musiques.

Renaud n’a pas d’âge. Il fait partie de nous ; il est comme l’obélisque de la Concorde : grand, majestueux, indéchiffrable.

Les hiéroglyphes de sa vie se cachent dans les paroles de ses chansons et font partie intégrante de la culture française.

Le chanteur énervant comme il s’est surnommé lui-même et qui, autrefois se battait comme un lion pour des causes telles que l’écologie, l’antimilitarisme, les droits des hommes etc, n’a rien perdu de sa superbe.

Oui, l’image qu’il projette aujourd’hui tient plus du saule pleureur que du grand chêne, mais celui qui apostrophait Margaret Thatcher « Mis Maggie » dénonçait les dictatures Triviale poursuit et faisait un portrait criant de la France Hexagone, parlait avec tendresse du chien d’un certain président Baltique, dénonçait l’enfance sacrifiée, se moquait avec insolence du Maréchal de France, de la médaille, ou du très célèbre paris Dakar, 500 connards sur le ligne de départ, ou bien encore à montré toute sa reconnaissance pour la police française lors des attentats qui ont endeuillé la France.

« J’ai embrasse un flic » et qui, au vu de ses dires et paroles d’avant, ont choqué certains de ses fans qui n’ont pas compris que, tout simplement, il avait mûri. Bien sûr,  il reste ce formidable portraitiste qui croque avec bonheur les gens qui l’entourent, comme un peintre le ferait. Il peint avec ses mots si reconnaissables la vie des gens qui peuplent son bel Hexagone.

Son dernier album éponyme est magnifique, empreint d’’une immense poésie.

Pour l’avoir rencontré il y a longtemps dans le silence de sa loge au Zénith, à l’époque douloureuse de « putain de camion » et avoir échangé avec lui pendant une interview qui restera peut-être pour moi la plus émouvante que j’ai faite, cela restera pour moi un moment suspendu et me fera penser aux vers de Lamartine : « Au temps suspend ton vol ».

J’ai vu un être sensible presque effacé, timide, s’excusant presque d’être ce qu’il était. Quelle belle leçon de modestie à tous ces jeunes artistes criant d’ambition et se pavanant comme des paons faisant la roue.

Mais Renaud, c’est aussi cette image poignante de Jacques Lantier dans le Germinal de Claude Berri.

Oui, le style Gavroche et le blouson noir ont été troqués au fil des ans pour une image plus sage, plus mature, mais change-t-on un coeur de la sorte pour autant ?

La révolte n’est pas endormie dans les vapeurs de l’alcool. Elle est bien là, encore présente et hurlante.

« Toujours debout ! », clame-t-il.

« Il est pas né ou mal barré le crétin qui voudrait m’en terrer… J’fais plus de télés, j’ai même pas internet… Arrêtez de parler aux radios, aux gazettes… Ils m’ont cru disparu, on me croit oublié… Dites à ces trous du cul, j’continue à chanter… »

Le phénix renaît doucement de ses cendres. Il est cependant triste de voir à quel point une certaine presse le traque et affabule sur sa santé, mettant ainsi ses fans dans la peine.

Et même s’il s’avérait qu’il soit vraiment malade, il serait temps de lui foutre la paix. Cet homme a tant donner à son public, à la culture française qu’un simple mot devrait être prononcé : « merci ». Merci d’avoir accompagné nos vies, réveillé nos révoltes, nos consciences, de nous avoir émus, fait sourire, chanter et danser. De Gavroche au phénix, son parcours est un sans faute.

La seule faute du parcours, c est qu’il nous a manqués et que nous serons tous orphelins lorsqu’il déploiera ses ailes de phénix pour rejoindre son bistrot préféré avec Patrick et Michel.

Helena Mora

Corrections : Amandine Lebreton

Mabeo : plus que des covers  de Renaud

Je vais vous faire une confidence : je ne suis pas véritablement fan et adepte des reprises  de Renaud, mais ces trois-là faites par un jeune et talentueux compositeur, parolier et interprète valent selon moi le détour.

Mabeo a su capter toute l’émotion qui se dégage des textes de Renaud. Avec pudeur et un immense respect, il a non pas cherché à faire du Renaud, mais à lui rendre hommage en adaptant ses chansons, à sa façon d’interpréter.

Je regrette d’ailleurs qu’il ne figure pas sur le cd La bande à Renaud, car il y a tout à fait sa place.

Je vous poste ici les trois reprises et, très bientôt, je vous parlerai de lui plus en profondeur. Il peaufine son album autoproduit qui va sortir bientôt.

Je vous laisse voyager à travers sa voix dans l’univers de Renaud.

Helena Mora

Corrections : Amandine Lebreton

Photos et Vidéos : Noemie Macias Seyer

Facebook
Twitter
LinkedIn
WhatsApp

Laisser un commentaire