Bernard Lavilliers : le voyageur militant
Lorsque Bernard Lavilliers arriva sur scène avec ses musiciens, ce fut comme une véritable tornade dans le cœur du public, un rappel aux sources pour les plus anciens.
Entre textes poétiques, salsa, il esquissa même quelques pas de danse. Rythmes tropicaux et rock, ce ne fut pas 5 minutes au Paradis, nom de son dernier album sorti l’année dernière, mais un concert entier.
Minutes d’émotions quand Bernard rappela son amitié avec Jacques Higelin.
Il n’oublia pas de rappeler aussi ses combats. Chanteur engagé depuis toujours, lutte ouvrière et progressiste, inégalités sociales… Neuf fois déjà présent sur la grande scène de la fête de l’humanité, dont il épouse parfaitement les idées et en est un véritable porte drapeau, et plus près de nous, s’engageant pour défendre les migrants avec un titre Les migrants, comme par ailleurs Bertrant Cantat dans son superbe titre L’Angleterre et Nicola sirckis dans son dernier clip « song for a dream » qui réussit lui l’exploit de nous les rappeler sans même nous les citer.
Ce fils de résistant (son père avait été résistant pendant la seconde guerre mondiale) qui a su pendant toute sa carrière swinguer avec les idées, la poésie, les rythmes reggae, salsa et traditionnels brésiliens, le rock, électro, ses influences aussi africaines, etc.
Celui qui avait répondu à François Mitterrand, alors président de la République fin 81, à sa question : « Que faites-vous de vos journées ? » :
« Comme toujours, je chante des causes perdues sur des musiques tropicales », avait-il ce jour-là résumé en une seule phrase toute sa discographie.
Aujourd’hui, il en est à son 22ème album.
Il a soutenu des causes toute sa vie, son père ayant même été un militant du parti communiste. Mais lui, bien qu’ayant une certaine tendresse pour le PC, préféra être anarchiste.
Son engagement fut total, car il allait sur le terrain soutenir les ouvriers et les nommer toutes ici serait beaucoup trop long. Retenons cependant quelques unes… Un soutien de 30 ans pour sidérurgistes lorrains, plusieurs concerts pour la Fédération anarchiste. Il chantera aussi à la fête de lutte ouvrière, soutiendra fébrilement le chez Raoni et les Amérindiens dans leur combat contre le barrage de Belo Horrizonte. Politiquement, il soutiendra des le départ Jean-Luc Melanchon.
Bernard Lavilliers est un poète, un voyageur au long cours, un combattant qui lutte avec des mots contre les maux, un homme dont la matière première de son œuvre fut la chanson réaliste, les poètes communistes et la contre-culture gauchiste post-marxiste et, au fil des ans, se transforma en un militant de l’amour de son prochain.
Pour la 9ème fois sur la grande scène de la fête de l’humanité, Bernard Lavilliers a su chanter les mots justes et faire swinguer la foule et les cœurs.
Helena Mora
Photographe : Ana Pedroso
Corrections : Amandine Lebreton