C’est le cœur lourd que nous avons appris, il y a quelques jours, le décès de l’homme de lettres, Jean-Loup Dabadie.
Cet ancien académicien, véritable génie des mots et de la langue française, s’en est allé à l’âge de 81 ans, et repose désormais à l’île de Ré, où il a été inhumé près de sa mère.
Touche à tout, il fut tour à tour journaliste, écrivain, scénariste, dialoguiste, metteur en scène, parolier, traducteur et réalisateur, ce qui lui valut plusieurs distinctions et autres titres honorifiques tels que celui de l’officier de l’ordre national du mérite.
En 1957, à seulement 19 ans, Jean-Loup Dabadie publia son premier roman intitulé Les yeux secs.
Parolier prolifique, Jean-Loup prêta volontiers sa plume à divers artistes de tous horizons tels que Michel Polnareff dont il a signé Tous les bateaux, tous les oiseaux, texte empreint de poésie et de mélancolie, ou encore Holidays. Barbara, Dalida, Marie Laforêt. Il a également écrit les paroles de Femmes, je vous aime, véritable ode à la femme magnifiquement interprétée par Julien Clerc.
Hyperactif du verbe, il a scénarisé ce qui deviendront des pépites cinématographiques, véritables chef d’œuvres du 7e art, tels que César et Rosalie (réalisé par Claude Sautet), Un éléphant ça trompe énormément, Nous irons tous au Paradis – dont le titre fait écho à la chanson qu’il a écrite à Polnareff –, ou encore La gifle, avec comme trame la confrontation entre un père (Lino Ventura) et sa fille (Isabelle Adjani), réalisé par le cinéaste virtuose François Truffaut, précurseur de la « nouvelle vague ».
Sa rencontre avec Guy Bedos a été déterminante pour l’humoriste. Ainsi, Jean-Loup lui a écrit quelques sketches en solo, puis lors de son duo formé avec Sophie Daumier, couple phare dans les années 60, à la ville comme à la scène. Une amitié scella alors la collaboration entre les deux hommes, tous deux artisans des mots et amoureux de la vie.
Jean-Loup fut d’ailleurs le parrain du fils de l’humoriste, Nicolas. Ce dernier, assurant la relève depuis plusieurs années déjà, contaminé par le virus contagieux de l’humour et de la comédie, perd donc son père biologique ainsi que son père de substitution, à quelques jours d’intervalles. Un peu comme si les deux hommes s’étaient donnés rendez-vous au Paradis, entonnant de concert l’une des plus belles proses de Jean-Loup, On ira tous au Paradis.
La grande famille de la musique, de la littérature et du cinéma vous pleure, Monsieur Dabadie. Toutefois, vous savoir en compagnie de votre ami, Guy Bedos, nous réconforte quelque peu. Merci pour l’extraordinaire patrimoine que vous nous léguez. Reposez en paix et riez fort… au Paradis des artistes disparus et qui nous manquent cruellement.
Rédaction article : Amandine LEBRETON.