Les Escales : un voyage musical inoubliable

Un parking à vélo, un endroit sûr, des bénévoles très distincts en qui on peut avoir confiance à tout moment, voilà ce qui définit un Safe Festival. Les Escales en ont été pour ma part les reines cet été. Parlons musique. En trois jours, j’ai pu assister à 15 concerts. Autant vous dire qu’il y a du choix.

Originaire du Ghana et du Nigeria, Joy Onyinyechukwu Adomaa Serwaa Adjeman, alias Adomaa, est un ovni de la scène musicale africaine. Performeuse et actrice, la chanteuse a également connu le succès dès son premier EP Afraba en 2015, une œuvre visionnaire mêlant subtilement les sonorités jazz, pop-folk, highlife et néo-soul. Elle et son équipe de musiciens virtuoses de percussions et de guitares ont ambiancé le public. Elle est de loin ma meilleure découverte de l’été.

Gazo est aujourd’hui l’une des figures les plus importantes de la drill dans l’univers du rap français. Il a su s’imposer et fait désormais partie du gratin du mouvement hip-hop dans l’hexagone. Avec sa voix et son flow singuliers, il a su conquérir le cœur du public français. Après avoir attendu 45 minutes sous la pluie suite aux plombs qui ont sauté, il est enfin arrivé sur scène. Le public jeune connaissait les chansons les plus diffusées sur les réseaux sociaux par cœur. J’ai été déçue par la qualité du son, cependant l’ambiance était au rendez-vous.

Évidemment, Angèle fait partie intégrante de la scène musicale francophone. Interprète, musicienne… L’artiste belge revient en force avec son nouvel album nonante-cinq. Elle a séduit toutes les générations, la voir sur scène est un vrai show. Avec sa voix douce et mélodieuse et ses paroles audacieuses, elle a cartonné.

Artiste éclatante aux multiples facettes, Izïa ne cesse de nous étonner. Elle emporte tout sur son passage à chaque représentation. Elle est une invitation à vivre sa destinée en toute liberté. Elle a mis en ébullition la foule.

Qui n’a pas en tête sa chanson Un jour je marierai un ange ? Un succès fulgurant qui a fait connaître l’artiste belge Pierre de Maere sur la célèbre application Tik Tok, révélation masculine de l’année aux dernières Victoires de la musique. Le public a chanté avec lui, dansé sur ses chansons. Lui s’est adressé au public et l’a remercié d’être « si bienveillant ». Très humble, il a été surpris que le public connaisse autant de ses chansons. Il a reposté sa petite chute sur scène qui a rendu le public encore plus sous le charme. Première chute de sa carrière, il s’en souviendra et c’était aux Escales.

Avec By your side, son troisième album, Jeanne Added emprunte des sentiers battus entre soul et pop, mais toujours avec cette voix unique qui interpelle et nous transporte ailleurs « loin du monde mais tout près d’elle ». Elle était déchaînée sur scène et a transmis cette folie à la foule.

En 2015, Hervé commence sa carrière au sein du duo franco-britannique Postaal avec l’anglais Denniss. En 2018, leur premier album sort et Hervé tourne avec Eddy de Pretto sur les premières parties de sa tournée pour lancer sa carrière solo. La même année, en collaboration avec Yodelice, il coécrit trois titres (Pardonne-moi, Je ne suis qu’un homme et Un enfant du siècle) sur l’album posthume Mon pays c’est l’amour de Johnny Hallyday. En mai 2019, il sort son premier EP Mélancolie F.C., puis en juin 2020 sort son premier album solo Hyper. En février 2021, il remporte le trophée de la révélation masculine aux Victoires de la musique. J’ai rendu jalouses des personnes de mon entourage quand je leur ai dit que j’allais le voir, mais je ne comprenais pas pourquoi… Après seulement quelques minutes, je me suis dit : mais quel est cet ovni ? Sa voix, sa présence sur scène, sa bienveillance envers son public, je n’ai qu’un mot sur cet autodidacte breton de la musique : WAOU !!! J’ai couru acheter l’album dès le lundi.

Dinos est l’un des rappeurs français les plus doués de sa génération et l’un des plus charismatiques de ces dernières années. Il fait partie de ces artistes uniques qui élèvent leur musique au rang d’art total ! Il se base sur des morceaux principalement mélancoliques, mais aussi des musiques rythmées. Cette différence s’est principalement fait ressentir dans l’album “Imany Deluxe”. Les sujets variés portent à la réflexion, notamment sur la religion, les déceptions amoureuses ou encore l’environnement dans lequel on vit, orchestré par la société. Il a mis le feu. En tant que grande amatrice de rap français, cela fait plus d’une décennie que je n’avais pas écouté un rap tel que celui-là. Enfin, le rap français est de retour. Merci Dinos.

The Blaze impose son univers sur la scène musicale en 2017 comme un objet artistique sublime et mystérieux à la fois, pour une expérience sonore et visuelle d’une intensité rare. Tout en restant dans l’intimité d’une voix rauque et androgyne, lancinante et filtrée par les logiciels, comme un voile de mélancolie jeté sur ces hymnes tristes d’électro house. Sans changer leur formule gagnante, sa mélancolie à fleur de peau et ses vidéos percluses des gimmicks cinématographiques de l’époque, Jungle monte le son, muscle les rythmiques, donne de la voix, s’enrobe de pop, avec mention spéciale aux tubes insidieux que sont Haze ou Lonely. Alors que Dancehall, taillé pour la méditation, dansait sur place les yeux embués perdus dans les étoiles, avec Jungle, le duo s’autorise un pas de côté et nous offre un concert de communion et de jouissance, celle des corps abandonnés au milieu de la foule et la sueur presque en transe.

Le groupe Skip The Use a entraîné le public du festival dans sa folle transe rock. Ils ont déchaîné les passions. En entendant leur musique, beaucoup de festivaliers ont déserté les autres scènes comme hypnotisés par la musique qu’ils entendaient au loin. Ce fut mon cas. Tout le monde sautait partout, les pogos étaient en vogue sur chaque chanson. Du délire musical pur, un vrai plaisir qui te rappelle que le rock est aussi fou que fédérateur.

Tiken Jah Fakoly, je ne l’avais pas vu depuis les Eurockéennes de 2011. Comme à son habitude, l’artiste fait l’apologie d’une Afrique contemporaine et continue d’éveiller la population afin qu’elle se batte pour ses droits, pour la démocratie et pour une Afrique unie. Tiken est entouré d’artistes plus magiques les uns que les autres entre les cuivres, les danseuses etc., ils nous en mettent plein les yeux et les oreilles. Sous le soleil de Saint-Nazaire nous avons transpiré au rythme de ses chansons pendant 1h30. Il est arrivé sur scène tel un lion et sa présence et son charisme scéniques sont ahurissants. Je n’ai pas les mots pour décrire une telle prestance.

Après le succès fulgurant de Therapie Taxi, Adé trace sa route en solitaire avec un premier album addictif. Et alors ? une folk country-pop revisitée. Plein de nouveaux morceaux ont été joués sur scène à notre plus grand plaisir. Le public s’est enjaillé autour de son nouvel album, elle a mis le feu à la foule.

Jain est devenue ambassadrice d’une pop multiculturelle et sans frontière, elle revient après trois ans d’absence. Sa chanson Makeba en vogue et remise au goût du jour sur une application très utilisée par la jeune génération fait que son public n’a pas vieilli. Ceux d’avant sont au rendez-vous et les plus jeunes aussi. Son nouvel album est plein de nouvelles mélodies surprenantes.

La foule, bien que fatiguée par trois jours de festival, s’est laissée entraîner par la chanteuse qui l’a mise à contribution plusieurs fois avec le plus grand des plaisirs.

Julie Le Menaheze

Photos : Adomaa, Gazo, Hervé, Dinos, The Blaze, Tiken Jah Fakoly – Julie Le Menaheze / Jeanne Added – Loic Randuineau / Pierre de Maere – Oicranduino et Fremont Shoot / Skip The Use – Christopher Jemants / Adé – Fremont Shoot / Jain – Chistopher Jemants

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