Concert magique, bluffant, entre larmes et sourires.
Un visuel moitié 13 ème tour et très électro rock, avec des tons flashy bleu, vert, rouge et jaune, le tout clos après « Karma girl » par une musique de Bowie qui ouvrait un feu d’artifice superbe qui déchirait le ciel de la Lorraine.
C’était comme si Bowie chantait dans l’au-delà, faisant tomber une pluie d’étoiles sur nous, nous arrachant des larmes.
La première partie était elle aussi à la hauteur avec le groupe punk dreamwife et la pétillante chanteuse de Hollysiz.
Moment d’émotion quand Lou rejoignit sur scène son oncle Nicola, pour rendre hommage à Stéphane avec « Electrastar ». Moment de tendresse quand la belle Asia Argento, les yeux plongés dans ceux de Nicola, chanta avec lui « Gloria ».
Nicola, outre l’album « 13 » et ses tubes incontournables, désormais légendaires « Trois nuit pas semaine » ou « L’aventurier » et quelques autres, avait préparé une partie souvenirs qui fit chaud au cœur aux fans des premières heures du groupe en se plongeant dans de vielles chansons de leurs débuts.
À la demande générale, après les sondages effectués sur les réseaux sociaux, il chanta « 3 ème vague ».
Entre la scène et la balustrade, quelques photographes triés sur le volet mitraillaient la scène, mais aussi la foule pour immortaliser cet immense élan d’amour pour son groupe, d’une foule de plus de 20.000 personnes sautillant partout.
Vêtue d un jean et d’un tee shirt, d’une queue-de-cheval, souriante et enjouée comme une gamine, Élodie Jardel, bras levés, mitraillait avec son smartphone son cher et tendre mari, le guitariste Boris, aussi charismatique et rock star que Nicola lui-même leader du groupe.
La phrase slogan des fans vis-à-vis d’Indochine : « Indochine, cela ne se raconte pas, cela se vit », me parut plus que jamais de circonstance.
Quant à Nicola, égal à lui-même d’une énergie à vous couper le souffle, et ce malgré ses 59 ans juste fêtés la veille par des fans devant les grilles du zénith en sa présence, apporta une immense émotion et déclencha la joie totale à une masse géante de personnes qui dansaient et sautaient comme des gamins.
Bien sûr, on lui rappela ses 59 printemps tout récents en entonnant un « Joyeux anniversaire » et en applaudissant l’idole (Je serais presque tentée de dire l’idole des jeunes, car on voyait de plus en plus aux premiers rangs des jeunes filles fraîches comme des roses et des jeune garçons qui ne devaient pas avoir plus de 14 ans).
Venant en couple ou avec leurs parents, dont le visage portait écrit au crayon le sigle de la tournée 13 (Je serais presque tentée de dire : « Quand on aime Indochine, on a pour toujours 15 ans »).
Est-ce cela le secret de la jeunesse éternelle ?
Une immense banderole de « Joyeux anniversaire Nicola et à notre ange Stéphane » semblait traverser une partie du zénith. Sur scène, Nicola en fut touché :
« Waouh ! J’avais pas vu la banderole. C’est trop ! »
Comme il a désormais l’habitude de le faire, Nicola fendit la foule et les gardes du corps avaient bien de mal à retenir les jeunes filles qui se ruaient sur lui pour l’embrasser et s’agripper à lui, à ses mains qu’il tendait volontiers.
Stressé certainement au début (Qui n’aurait pas le stress devant plus de 20.000 personnes ?), en quelques minutes Nicola avait plongé dans sa musique et faisait vibrer tous les cœurs à l’unisson ; il communiait pleinement avec son public – celui-là même dont il disait la veille sur son Instagram :
« Le pouvoir, c’est vous ! »
Et si le « pouvoir c’est nous », lui restera pour toujours l’enfant terrible du rock français, mi Peter Pan, mi Dorian Gray.
Mais surtout complètement lui, prônant de vraies valeurs de cœur, qu’il n’hésite pas à insuffler à son public en plein concert, accrochant à sa ceinture le drapeau lgbt rappelant de dire « stop » au harcèlement sous toutes ses formes, s’en prenant à Trump et au Front National. Un homme qui, même si sur scène s’amuse à bouger ses jolies petites fesses avec sensualité ou se caresse le torse de façon torride sur « Trois nuits par semaine » (instants sexy du show), ce qu’il sait faire le mieux c’est bouger son public et les mentalités, car il existe vraiment un univers indochinois. On entre dans l’indo mania comme on rentre en religion et l’on suit Nicola tel un gourou.
« Indochine m’a aidé à vivre et à surmonter tous mes problèmes et depuis je les suis ».
Voila ce qui ressort une fois sur deux des fans d’Indochine. Ils ont avec ce groupe un rapport particulier qui va au-delà du rapport fan/stars.
Indochine fait partie véritablement de leurs vies, qu’ils ponctuent aux rythmes des concerts du groupe. Beaucoup se sont rencontrés et sont devenus amis ; d’autres sont devenus des couples qui attendent un enfant qui portera le prénom d’une chanson chantée par Nicola. Mieux que n’importe quel site de rencontres, Indochine est à la naissance de vraies rencontres qui peuvent bouleverser une vie ;d’autres vouent à Indochine une éternelle reconnaissance : Indochine les a sauvés.
Je ne sais pas si le groupe, et surtout Nicola, sait à quel point il est important dans leurs vies, à quel point il a été un remède, un baume venu guérir leurs corps ou leurs cœurs.
Non, je n’exagère pas. J’ai parlé avec beaucoup de fans dans les files d’attente et pour tous, Indochine n’est pas seulement un groupe de rock, il est pour beaucoup le moteur de leurs vies, leur bouée de sauvetage, le lien qui lie parents, enfants et grands-parents. Il est surtout porteur d’espoir, de joies, d’émotions intenses qui les transportent tous dans un autre univers où règne la tolérance, la paix et l’amour.
« La vie est belle avec vous », déclarent les fans reconnaissants. Mais savent-ils seulement Boris Ludwig Marco et Nico à quel point ce simple slogan prend de l ampleur et de la véracité ?
Indochine est gravé dans leurs cœurs. Pour beaucoup, c’est leur troisième poumon.
Et un jour, le temps passe si vite. Ils quitteront la scène, mais jamais leurs âmes.
Nicola voulait ne jamais vieillir. Une fée venue de sa « nuit des fées » semble avoir exaucé son vœu. Il restera à jamais ce souffle de vie qui alimente de sa musique la planète Indochine qui a rencontré une météorite immense : l’amour de ses fans. Un amour qui dure depuis 37 ans !
Et une base de fans qui se renouvelle de plus en plus dans la plus jeune génération, allant même toucher des enfants de trois ans qui, s’ils ne vont pas encore au concert, savent chanter parfaitement « la vie est belle »!!!
Helena Mora