Dans son troisième album, “Peau Neuve”, Nach, alias Anna Chedid, nous offre un témoignage de sa renaissance artistique et personnelle. C’est dans un hammam à Marrakech que l’inspiration lui vient. De retour à la maison, elle écrit la chanson qui donne son nom à l’album.
Certains albums sont nés dans un studio, d’autres dans une chambre sous les toits. Celui-ci est né dans un hammam. Baptisé Peau Neuve, il constitue le troisième chapitre de la discographie de Nach, entamée par Anna Chedid en 2015. Plus qu’une nouvelle étape, il est le témoignage d’une renaissance. « C’est un album qui fait suite à un changement de vie radicale, explique-t-elle. Il y a trois ans, je me suis séparée du garçon avec qui j’étais en couple depuis dix ans. Au même moment, mes contrats avec ma maison de disques et mon tourneur se sont arrêtés. Je me suis retrouvée sans attaches. » Vertigineusement libre et alors que la planète vit au rythme des confinement successifs, Nach décide de prendre la route en solitaire. Avec comme uniques compagnons son ordinateur, son clavier et son micro, la jeune femme multiplie les séjours loin du monde, logeant dans des hameaux entre la Drôme, les Cévennes et le Maroc. « Soudain, je n’étais plus la femme de quelqu’un. Je n’étais plus propriétaire et je n’avais plus de partenaire professionnel. Je me suis demandé qui j’étais et comment je pouvais me réinventer. »
La réponse lui parvient au lendemain de son arrivée dans la région de Marrakech, alors qu’elle se rend dans un hammam pour un soin traditionnel. « Une femme m’a alors lavé, frotté et gommé la peau. Ça a été un moment très émouvant et symbolique pour moi, presque une expérience mystique. Comme si la vie me proposait un nouveau départ. » Après le soin, Nach rentre dans le logement qu’elle occupe à quelques pas d’une mosquée, où le chant de l’imam assure la bande son. Elle écrit alors le morceau Peau Neuve, qui donne son titre à ce nouvel album. La renaissance dépasse bientôt le niveau épidermique : dans la foulée, l’artiste décide de monter son propre label et sa maison d’édition et d’assurer elle-même toutes les étapes de son disque. « J’ai fait peau neuve dans tous les aspects de ma vie. Je me suis fait confiance. Je suis devenue ma propre productrice, j’ai composé mon album de A à Z, j’ai tout arrangé et réalisé moi- même. J’ai même fait une formation pour devenir ingénieure du son. »
Si Peau Neuve est l’album d’une émancipation, c’est aussi celle d’une artiste qui a grandi dans une famille où l’art, la culture et la création ont été omniprésents. « Aujourd’hui encore, je continue de me pincer quand je lis Andrée Chedid pour me dire que c’est ma grand-mère. J’ai aussi vu mon père travailler tous les jours pour devenir le chansonnier qu’il est aujourd’hui. Quant à Mathieu, c’est un phénomène… Petits, avec mon frère Joseph, on le regardait comme Superman. Il enchaînait les concerts à Bercy, avec des guitares qui volaient dans tous les sens… »
Multi-instrumentiste et riche de plusieurs formations artistiques– elle a suivi des cours de chant jazz, classique, lyrique–, Nach compose ses chansons seule : elle les articule souvent autour d’une base de piano, avant d’ajouter la rythmique et les chœurs. Ce travail en solitaire ne l’a pas empêchée de s’entourer de partenaires : pour cet album, elle a collaboré avec Quentin Laffont (au piano et au clavier), Pierre Elgrishi (à la basse), Vincent Polycarpe (à la batterie) ou encore Fabrice Colombani (aux percussions sur quelques titres). « J’avais besoin de travailler avec des gens que je connaissais. De me sentir accompagnée par des personnes qui comprennent mon projet. » Les musiciens l’ont rejointe lors des différentes sessions d’enregistrement en studio, entre Arcachon et Paris. L’ensemble, enfin, a été mixé à New-York par Fab Dupont, habitué aux collaborations en or (André 3000, Sean Lennon, Bebel Gilberto…
De ces expériences est né un recueil à la fois puissant et délicat, intime et pourtant porteur d’une sensibilité universelle. Nach, dont le panthéon musical réunit des artistes aussi variés que Nina Simone, Maria Callas, Radiohead ou Camille, y irradie en tant que chanteuse, compositrice et arrangeuse et explore des territoires où cohabitent la chanson et les musiques du monde, le jazz et un certain artisanat emprunté au folk. Si elle commence par remercier les amours passées (Cadeau d’Adieu), c’est pour ensuite mieux raconter, à deux reprises, la renaissance entamée au Maroc (Peau Neuve et D’âme à Âme, sur laquelle elle invite la musicienne Meryem Aboulouafa à réciter un texte en arabe). Vivante et vibrante, l’artiste évoque aussi le désir, la force de vie et la féminité (Sacré secret, Un Soleil dans le Ventre) et signe un album où les sentiments et le corps s’entremêlent sans cesse. Sa réinvention personnelle, enfin, lui inspire un nouveau regard sur la planète (Vivante (Terre-Mère)) et sur le rythme de l’existence (Le Temps de vivre, petit tube en puissance), qu’elle souhaite à l’avenir délivrer des courses dénuées de sens. Lumineux, l’album s’achève sur Le Cœur qui explose, un titre qui annonce le retour du feu d’artifices sentimental. Gageons que ce Peau Neuve n’aura aucun mal à faire chavirer celui du public.
Nash sera en concert à Saint Lo le 7 novembre, La Roche-sur-Yon le 5 décembre, Pacé le 13 décembre, Pleurtuit le 9 février, le 18 mars à La Cigale et en tournée dans toute la France. Rendez-vous ici pour prendre votre place : https://www.caramba.fr/artistes/nach/ Photos : Diane Moyssan
