Alain Lahana : mon plafond d’aujourd’hui est mon plancher de demain
La rédactrice en chef du mag Helena Mora a rencontré Alain Lahana, tourneur, manager et ami des plus grands , Bowie, Iggy Pop, Patti Smith, Phil Collins, Indochine, Depeche Mode, Taxi Girl, Rachid Taha, Férré, Stéphane Eicher, Tears for Feears ou encore Lavilliers !
Il est 19 h il pleut sur Paris, je tiens fermement mon parapluie et je m’apprête à aller à la rencontre de Alain Lahana.
Alain Lahana, c’est une sorte de météorite dans le ciel musical international, il a travaillé avec les plus grands toutes époques confondues comme manager, mais aussi comme producteur de spectacles, le seul live nation solo dit il en riant.
Dans ses amis, il compte Iggy Pop, Carla Bruni, Patti Smith, il était aussi l’ami depuis plus de 40 ans de David Bowie avec qui il a fait 70 concerts.
Alain c’est un fidèle de ceux qui font passer les relations humaines avant le business, ses collaborations durent parfois plus de 40 ans, c’est un visionnaire qui cherche toujours l’angle à creuser chez les artistes dont il s’occupe, l’important n’étant pas de faire un concert, « ils n’ont pas besoin de cela », l’important c’est trouver ce petit plus que le magicien Lahana peut leur offrir, transformer une simple captation en un concert de folie !
« La femme de Phil Collins m’a appelé, il veut refaire des concerts » me déclara-t-il avec une simplicité désarmante, oui car Alain n’est pas un coq de basse cour, il n’est pas un paon du show bizz, tout ce qu’il entreprend , il le fait avec professionnalisme et sincérité.
Depeche Mode, Taxi Girl, Rachid Taha, Ferré, Le Forestier, Stéphane Eicher, Lavilliers, Féfé, etc… Ils ont tous un jour ou l’autre confié leur carrière à ce toulousain hors du commun.
Avec un franc parler Rock and Roll, il me raconte sa vie, sa vision des choses, sans chercher à cacher la face occulte du Star-system.
Il parle de la drogue sans tabou, avoue avoir arrêté depuis un moment et que prendre une ligne de coke était un signe d’appartenance au monde de la musique au moments des concerts, et oui la fameuse époque sex, drugs and Rock and Roll, ces années 70 à 90 où tout était permis, où le Palace accueillait une faune talentueuse et particulière d’artistes de tous genres, et monsieur tout le monde en star d’une nuit.
Il s’est aussi offusqué, presque scandalisé du prix des places de concerts chez certains artistes, comme Nicola Sirkis l’a voulu pour son groupe Indochine, Alain lui aussi se bat pour proposer des places de concerts, même de stars internationales comme Patti Smith tournant autours de 45 euros, il organise aussi des concerts à 10 euros, en fait ils ont en commun Nicola et lui ce respect du public même si Alain ne leur accorderait pas le droit de vote lors des émissions télé-crochets modernes, Star Académie, The Voice et autres estimant que ce doit être aux pros de voter, cependant
chez lui la culture se partage et le manque d’argent ne doit pas être un frein à aller écouter des artistes, il ne faut pas avoir à choisir entre je le cite « bouffer et aller à un concert ».
Il a aussi faillit manager Indochine à leurs débuts mais la vie en a décidé autrement, il garde encore la cassette démo de l’Aventurier qui date de l’époque où il était programmateur au Rose Bonbon remise par Nicola lui-même, souvenirs souvenirs !
Il n’a aucun regret quand aux choix des artistes dont il s’est occupé et dont il s’occupe à présent, pour lui tout est une question naturelle de logique, de rencontres, de contact humain, et d’évolution de carrière, sans jamais citer le mot carrière, d’ailleurs il a beaucoup de mal à se définir, producteur manager, pote de ces artistes… surtout un homme à l’écoute des autres avant tout.
Lorsque j’évoque les Stars Académies et The Voice et quelques autres, ils les ramène tout de suite à leur juste valeur « Ce ne sont que des télé-crochets, ce ne sont pas des artistes mais des interprètes »
Pour les prix musicaux il a aussi la dent dure ,même s’il a été le fondateur et créateur du prix Constantin, il n’aime pas tous ces prix, même si le lendemain de cette rencontre il était dans le jury des Victoires de la musique qu’il pense nécessaire mais très loin de son éthique à lui et sa vision artistique.
Le prix qui l’a vraiment ému ce fut celui du Chevalier de l’Ordre du Mérite que son amie Patti Smith a épinglé à sa poitrine, là oui c’était de l’émotion, il m’a montré encore ému sur son ordi les photos de l’événement qui eut lieu devant un petit comité d’amis et intimes ainsi que les superbes photos de la maison que Patti Smith a achetée : la maison d’Arthur Rimbaud.
On s’est assis côte à côte dans son canapé, à son bureau une ancienne imprimerie aménagée remplie comme un œuf de souvenirs de photos de véritables pans de vie.
Et nous avons débuté une interview qui ressemblait bien plus à une conversation à bâtons rompus qu’une classique interview !
Une conversation franche sans filtre ni tabou.
Parce qu’il y a des instants qu’il est dommage de transcrire quand on les reçoit bruts comme une bouffée d’oxygène, j’ai préféré vous livrer toutes ces émotions ici.
J’ai découvert ce voyageur qui parcourt le monde avec pour tout bagage sa soif de transmettre, de partager !
Parcourt le monde avec pour tout bagage sa soif de transmettre, de partager la musique, ses rencontres, sa compréhension aussi des artistes, parce que comme eux il vit tout avec passion, fougueusement, Alain Lahana est bien plus qu’un manager ou producteur de concerts, Alain, c’est un passeur de flamme, cette flamme qui brûle les doigts et qu’on nomme le talent !
L’interview audio ici
Helena Mora
Photos avec l aimable autorisation de Alain Lahana
Iggy Pop a tourné pour la première fois dans un film français : « L’Étoile du jour » / STARLIGHT de Sophie Blondy .
Avec / Denis Lavant , Tchéky Karyo , Béatrice Dalle , Natacha
Régnier , Bruno Putzulu
Ce film a été sélectionné dans de nombreux Festivals à
l’international ( Turin , Moscou , Rotterdam , Montréal , Rome ,
Londres , Kiev , Pittsburgh , Bombay . ) et poursuit son chemin à L’
International .
Alain Lahana a permis cette rencontre .
