Iggy Pop classieux, concert pluvieux, public heureux ! Sa seule date pour 2019 en France était vendredi 19 juillet pour les Vieilles : l’occasion d’y retrouver un vieil habitué. Il y avait annoncé la veille qu’il sortait le 6 septembre prochain un nouvel album, Free.
C’est en vrai boss du festival qu’il s’y produisait, c’était la quatrième fois. Il est depuis 2017 commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres, tant son français parlé est honorable. Il apprécie notre répertoire comme le prouvent Préliminaires – à la couverture dessinée par Marjane Satrapi et en partie adapté du best-seller de Michel Houellebecq La Possibilité d’une île – et Après. Ces deux albums sortis en 2009 sont des reprises de Joe Dassin, d’Edith Piaf, de Georges Brassens, d’Henri Salvador, comme Jardin d’hiver ou Je sais que tu sais, ou de Serge Gainsbourg, qui avait été honoré l’après-midi même en version symphonique par Jane Birkin, ravie, épanouie, ruisselante sous la pluie mouillant cette grand-scène de Carhaix jusqu’à en prendre froid l’empêchant de se produire le lendemain.
Certes, à 72 ans, l’Iguane ne bondit plus des enceintes de la grande scène du Glenmor de Carhaix comme en 2005 ou en 1971 du bureau du patron du label Columbia. Iggy Pop semble s’être quelque peu assagi : il ne traîne plus sur scène (comme il l’avait fait à New York en 1970) une femme assise au premier rang et ne chevauche plus le photographe qui le mitraille ! Michel Coleu depuis la fosse lui en est reconnaissant, tout comme de ne plus s’ouvrir le torse en crachant des jets de sang à défaut de se trancher la veine jugulaire avec un tesson de bouteille ! Iggy ne plonge plus dans un troisième rang qui pogote (comme au festival de Cincinnati en août 1970, le corps enduit – sic – de beurre de cacahouète !), ne se saigne plus en se roulant sur du verre brisé, ne roue plus de coups quelqu’un qui l’ait traité de « petite pédale ». Contrairement à ses débuts, il ne reçoit plus d’œufs et autres objets volants non identifiés : trombones, appareils photo, petites culottes, ceintures, voire bouteille de Johnny Walker black. Mais il voit toujours dans son miroir un fauve lâché au milieu de la société, « un guépard qui erre dans les rues, avec le cœur rempli de napalm, (…) le fils fugueur d’une bombe atomique, (…) le garçon oublié du monde, celui qui cherche et qui détruit / Mon cœur, il va falloir que tu m’aides s’il te plait / Quelqu’un doit sauver mon âme ».
De son propre aveu, « le fait d’être constamment exposé aux amplis Marshall et aux guitares électriques distordues » et d’entendre sa « propre voix amplifiée a transformé l’alchimie de son corps dans lequel, après tout, réside la vie » en une vraie machine de sexe et de chair.Impressionnant et excessif sont des adjectifs pauvres pour qualifier son jeu de scène, tant son torse noueux et musculeux, taillé à la serpe – les plus beaux abdos, du circuit, Lou Reed est battu ! – est systématiquement nu en concert. C’est sa marque de fabrique, même sous le crachin breton, quand il ne se dénude pas entièrement, et ce n’est jamais ridicule…Son visage tuméfié porte les stigmates des défonces successives (de LSD, héroïne, coke, opiacés, amphétamines et bourbon Jack Daniels sans prétendre être exhaustif, qui entre autres dissipations l’ont transformé un moment en une vraie épave) d’un ex-junkie au regard désormais clean de celui qui n’a plus touché à l’héro depuis 1981, à l’opium depuis 1983 – il ne s’autorise désormais pas plus de deux verres de vin par repas, à peine lapera-t-il durant son show agile quelques gorgées d’un mystérieux breuvage dans un opaque verre à pied –, entouré d’un collier tribal et d’une longue chevelure raide et encore blonde. Pantalon taille basse fermé par une ceinture cloutée et des baskets dont celle droite est à semelle compensée, tous de couleur noire forment la panoplie habituelle d’une bête de scène agile comme à ses vingt ans et aussi hyperactive qu’un paquet de nerfs alors qu’il peut être hors scène parfois dépressif (comme en témoigne son Post Pop Depression sorti en 2016 avec son beau titre Paraguay). Sa jambe gauche étant plus longue que l’autre, il penche souvent son bassin vers l’avant et de côté.
Les quatre vies d’Iggy Pop
Né entre les signes du Bélier et du Taureau à Muskegon (Michigan) d’une mère de parents norvégien et danois, James Osterberg Jr doit tout d’abord son nom à son père d’origine anglo-irlandaise, mais adopté par une famille venue de Suède aux States. Ce dernier enseignait dans un lycée et éleva James – un enfant obstiné et insatisfait, parfois excessif jusqu’à l’autodestruction – dans un campement de caravanes à Ypsilanti près d’Ann Arbor. Excellent élève, il devint ensuite à 16 ans batteur des Iguanas. Cette ville industrielle est située à 50 km deDetroit, le siège du prestigieux label Motown qui fut autant la capitale des Big Three de l’automobile américaine (General Motors, Chrysler et l’usine de montage Ford de River Rouge, dont le bruit de mégaclang fascine tellement l’excellent élève de primaire en visite scolaire qu’il inspirera sa musique heavy metal) que celle du rock industriel le plus radical : le groupe MC5 comme le rappeur Eminem y ont aussi percé.
Iggy and the Stooges
Fin 1967, l’incandescence outrancière et post-adolescente de l’écorché vif Iggy and The Stooges annonce le punk de Johnny Rotten et Syd Vicious (God Save the Queen des Sex Pistols sort en 1977) en lui assurant une renommée comparable à celle du Velvet Underground. Sorti en 1973, l’album Raw Power est un manifeste bruitiste et nihiliste, répétitif et ténébreux, avec ses riffs dignes de Keith Richards à la lead guitar alternant avec des soli de notes stridentes et des boucles sans fin de motifs musicaux, la métrique des cymbales dictant une rythmique sèche et convulsée. Presque inécoutable, il aurait dû être livré avec des bouchons pour protéger certaines oreilles innocentes de ce son métal nu et brut de décoffrage ! Lassée des excès en tout genre des Stooges, Elektra n’attend pas la fin de leur troisième album pour les virer en 1971 de son label. Alors qu’Iggy privilégie sa carrière solo pour devenir Iggy Pop, les Stooges se reformeront pour un concert live à Detroit dont l’enregistrement sera édité sous la forme d’un DVD sorti en 2003. Iggy Pop se produit seul à nouveau depuis 2016.
Son show démarre fort avec I wanna be your dog : « je veux être ton chien » à présent. Iggy admet d’emblée vouloir être dominé voire soumis par son public assimilé à un partenaire sexuel, jusqu’à « perdre (son) cœur sur le sable chaud »(Lose my heart on the burning sand). Sans préliminaires, ce morceau est devenu l’emblème de la musique garage repris, depuis sa sortie en 1968, dans la BO des Rivières Pourpres 2 : les Anges de l’Apocalypse commepour une pub pour l’opérateur de téléphonie SFR :
Ooh give it to me
Oohh fais-moi plaisir
Now I’m ready to close my eyes
Je suis prêt à fermer les yeux
Yes now I’m ready to close my mind
Je suis prêt à fermer mon esprit
Now I’m ready to feel your hands
Je suis prêt à sentir tes caresses
Et, passé le refrain :
Do it
Vas-y
Yeah that’s right
Ouais c’est ça
So messed up I want you here
Je veux que tu perdes la tête
And in my room I want you here
Et je veux que tu sois dans ma chambre
And now we’re gonna be face to face
Maintenant on va se retrouver face à face
And I’ll lay right down in my favorite place
Et je vais aller me coucher dans mon coin préféré
Yeah you know what that is
Ouais tu vois très bien ce que je veux dire
Quant à Lust for Life (Soif de vie) :
Here
comes Johnny Yen again
Voici à nouveau Johnny Yen
With the liquor and drugs
Avec la liqueur et les médicaments
And a flesh machine
Et une machine de chair
He’s gonna do another strip tease
Il va faire un autre strip tease
Hey man, where’d y’get that lotion ?
Hey mec, où as-tu eu cette lotion ?
I’ve been hurting since I’m up again
J’ai fait du mal depuis que je suis à nouveau debout
About something called love
A propos de quelque chose appelé amour
Yeah, something called love
Ouais, ce qu’on appelle l’amour
Well, that’s like hypnotizing chickens
Eh bien, c’est comme des poulets hypnotisant
Well, I’m just a modern guy
Eh bien, je suis juste un garsnou
Of course, I’ve had it in the ear before
Bien sûr, je l’ai eu dans l’oreille avant
I have a lust for life
J’ai une soif de vie
‘Cause I’ve a lust for life
Parce que j’ai une soif de vie
I’m worth a million in prizes
Je vaux un million en prix
Yeah, I’m through with sleeping on the sidewalk
Ouais, je suis à travers avec de dormir sur le trottoir
No more beating my brains
Pas plus de battre mon cerveau
No more beating my brains
Pas plus de battre mon cerveau
With liquor and drugs
Avec l’alcool et les drogues
With liquor and drugs
Avec l’alcool et les drogues
Well, I’m just a modern guyEh bien, je suis juste un gars moderne
Grâce au riff immédiatement reconnaissable du guitariste anglais Ricky Gardiner, The Passenger (Le Passager), sorti en 1977 sur l’album Lost for Life, incarne le nomadisme propre au punk paria. Ressorti outre-Manche en single en 1998 après avoir servi comme pub pour Toyota, ce titre se classa vingt-deuxième des charts aux Royaume-Uni, avant d’être reprise dans la deuxième bande originale (verte) du film Trainspotting de Danny Boyle, mais pas dans le film lui-même.
I am the passenger and I ride and I ride
Je suis le passager et je me promène et je me promène
I ride through the city’s backsides
Je me promène à travers la face cachée de de la ville
I see the stars come out of the sky
Je vois les étoiles sortir du ciel
Yeah the bright and hollow sky
Oui le ciel brillant et creux
You know it looks so good tonight
Tu dis que ça semble si bon ce soir
I am the passenger
Je suis le passager
I stay under glass
Je reste derrière la vitre
I look through my window so bright
Je regarde à travers ma fenêtre si brillante
I see the stars come out tonight
Je vois les étoiles sortir cette nuit
I see the bright and hollow sky
Je vois le ciel brillant et creux
Over the city’s ripped backsides
Sur la ville un accroc dans le ciel
And everything looks good tonight
Et tout semble bien ce soir
Puis les chœurs auxquels contribua David Bowie :
Let’ sing
Oh chante
La la la la la la la la
La la la la la-la-la la
La la la la la la la la
Get into the car, we’ll be the
passenger
Monte dans la voiture, nous serons le passager
We’ll ride through the city tonight
Nous nous promènerons à travers la ville ce soir
We’ll see the city’s ripped backside
Nous verrons l’arrière déchiré de la ville
We’ll see the bright and hollow sky
Nous verrons le ciel lumineux et creux
We’ll see the stars that shine so bright
Nous verrons les étoiles qui scintillent
Stars made for us tonight
Les étoiles le feront pour nous ce soir
Oh the passenger
Oh le passager
Oh how he rides
Oh comme il se promène
Oh the passenger
Oh le passager
He rides and he rides
Il se promène et il se promène
He looks through his window
Il regarde à travers sa fenêtre
What does he see ?
Que voit-il ?
He sees the bright and hollow sky
Il voit le ciel lumineux et creux
He sees the stars come out tonight
Il voit que les étoiles sont sorties cette nuit
He sees the city’s ripped backsides
Il voit les arrières déchirés de la ville
He sees the winding ocean drive
Il voit l’enroulement commandé des océans
And everything was made for you and me
Et tout a été créé pour toi et moi
All of it was made for you and me
Tout cela a été créé pour toi et moi
Cause it belongs to you and me
Car cela appartient à toi et moi
So let’s take a ride
Donc vas faire une balade
And see what’s mine
Et vois ce qui est à moi
Oh the passenger
Oh le passager
He rides and he rides
Il se promène et il se promène
He sees things from under glass
Il voit des choses par transparence
He looks through his window side
Il regarde par sa fenêtre de côté
He sees the things he knows are his
Il voit les choses qu’il sait siennes
He sees the bright and hollow sky
Il voit le ciel lumineux et creux
He sees the city sleep at night
Il voit la ville endormie la nuit
He sees the stars are out tonight
Il voit que les étoiles sont de sortie cette nuit
And all of it is yours and mine
Et tout cela est à toi et moi
And all of it is yours and mine
Et tout cela est à toi et moi
So let’s ride and ride
Allons donc nous promener et nous promener
Pour finir ce set court mais dense d’1 h. 20, le poing levé, Iggy Pop offre son micro au public conquis avant de le reprendre pour avouer combien il avait passé un bon moment aux Vieilles Charrues. Il clame combien il se sentait « heureux » après avoir opportunément chanté Real Cool Time (Un Très Bon Moment) des Stooges, exceptionnellement accompagné ce soir d’un chœur soul et d’un duo (trombone et trompette) de cuivres étincelants comme la carapace d’un scarabée :Can I come over tonight ?
Est-ce que je peux venir ce soir ?
Can I come over tonight ?
Est-ce que je peux venir ce soir ?
What do you think I wanna do ?
Que penses-tu que je veux faire ?
That’s right
C’est vrai
Can I come over tonight ?
Est-ce que je peux venir ce soir ?
Can I come over tonight ?
Est-ce que je peux venir ce soir ?
Can I come over tonight ?
Est-ce que je peux venir ce soir ?
What do you think I wanna do ?
Que penses-tu que je veux faire ?
That’s right
C’est vrai
Can I come over tonight ?
Est-ce que je peux venir ce soir ?
I say we will have a real cool time tonight
Je te dis que nous allons passer un bon moment ce soir
I say we will have a real cool time tonight
Je te dis que nous allons passer un bon moment ce soir
I say we will have a real cool time
Je te dis que nous allons passer un bon moment
I say we will have a real cool time tonight
Je te dis que nous allons passer un bon moment ce soir
I say we will have a real cool time tonight
Je te dis que nous allons passer un bon moment ce soir
I say we will have a real cool time
Je te dis que nous allons passer un bon moment
We will have a real cool time
Nous allons passer un bon moment
A real cool time tonight
Un très bon moment ce soir
Ce gros son – parfois crunch grâce à une parfaite maîtrise des effets Larsen – décoiffe en donnant une impression brouillonne voire sale alors que reste parfaitement intacte et sous contrôle la rage de l’album Raw Power. A l’invention mélodique, l’effet blast préfère la « puissance brute » d’un Mekanik Destruktïw Kommandöh que ne renierait pas Magma ! Sa force motrice, basique mais si efficace, aimante les regards et cherche autant qu’elle détruit. Les guitares miaulent comme des chattes en chaleur tandis que l’infatigable voix basse/baryton chante sans aucun temps mort des textes à double sens dans l’esprit du Walk on the Wild Side de Lou Reed.
Après les morts respectives de ce dernier (2013) puis trois ans plus tard de David Bowie qui, avoua Iggy, « était le seul qui aimait ce que je faisais » et l’a ressuscité après l’avoir littéralement sauvé de l’anéantissement tant personnel que professionnel, Iggy Pop est l’un des derniers monstres sacrés encore en vie de cet art électrique autant qu’éclectique qu’est le rock’n’roll. Il forme le dernier sommet du triangle berlinois formé par le « prince de la nuit et des ténèbres » selon Andy Warhol, le Lou Reed de Berlin, David Bowie et Iggy Pop. Ces deux derniers voisinent au n° 155 de la Hauptstrasse dans le quartier de Schöneberg quand, sorti d’une déprime, sevré du Valium, Iggy Pop réussit pour la première fois à battre David au ping-pong !
Il rencontre la brune Esther Friedmann décrite dans Fall in Love with Me :
Tu me parais si belle
Ici dans ce vieux café
A l’époque dans Berlin Ouest
Une bouteille de vin blanc
Une table en bois
Et comment j’espérais que
Tu tombes amoureuse de moi
Bowie n’est déjà plus Ziggy Stardust ou Aladdin Sane et pas encore The White Thin Duke quand il commence à travailler avec Brian Eno et son producteur Tony Visconti pour sa trilogie Low, Heroes en 1977 (son titre se réfère à la chanson Hero du groupe allemand Neu ! tandis que l’album est influencé par Kraftwerk et plus largement le Krautrock),et Lodger, puis contribue de façon décisive aux deux premiers albums solos d’Iggy Pop.
Enregistré avant Low auquel Iggy prête sa voix, The Idiot est un chef d’œuvre dark et robotique aux textes orgiaques écrits en studio par Iggy Pop. Pour la troisième tentative, la dernière et donc la plus cruciale, de lancer sa carrière, David Bowie le photographie en héros dostoïevskien pour la couverture de The Idiot, voire en Jean Genie, son modèle tiré de Jean Genet et sa chose, comme une vision d’expressionnisme décharné inspiré aussi du Roquairol de son peintre préféré, Erich Heckel.
Cette figure chétive et difformesort du roman Titan, de l’écrivain allemand Jean Paul, aussi cynique et suicidaire que les trois musiciens refugiés dans une Berlin divisée. Elle inspirera aussi la couverture de deux albums de Bowie, Heroes, puis, 36 ans plus tard, The Next Day.
Puis Bowie aide Iggy Pop à sortir aussi en 1977 Lust for Life, accompagne enfin au piano en Europe et aux États-Unis entre mars et avril la tournée jouée carré de ce dernier mais plus doucement qu’avec les Stooges. Bowie l’aide aussi en 1986 à concevoir l’album Blah Blah Blah qui se frotte au rock FM avec notamment la reprise de Real Wild Child. Elle sera le premier réel tube d’Iggy Pop.
Il chante qu’il ne vit que pour chanter. Mais il demeure un « pénis hurlant », symbole vivant du sexe comparable à Mick Jagger après les décès de la Sex Bomb Tom Jones, de Jim Morrison, le leader des Doors surnommé Le Lézard, de Jimmy Hendrix mettant le feu à sa Fender Stratocaster au Finsbury Astoria de Londres en 1967, de James Brown s’autoproclamant Sex Machine, de Michael Jackson et de Prince. Toujours autant de bruit et la fureur à la manière d’un Keith Richards mais sans le glamour de Brian Ferry… « Donne-moi du danger, petite étrangère / Et je ressentirai ta maladie » déclare-t-il à ses amours autant fiévreuses que toxiques dans cet hymne aux bad girls qu’est Gimmie Danger tandis que Your Pretty Face is Going to Hell sermonne une certaine Johanna avec qui il entretient à Londres une histoire compliquée. Nico, l’égérie du Velvet Underground, fut brièvement la compagne de ce fou brillant tout comme Wendy Weissberg qui est son épouse durant quelques mois en 1968, la comédienne Paulette Benson dont il a un fils Eric né en 1970, Esther, l’actrice Suchi Asano rencontrée lors d’une tournée en 1983 jusqu’à son divorce que relate son album Avenue B. en 1999, sa troisième épouse, la sculpturale afro-irlandaise Nina Alu, rencontrée depuis quand elle était hôtesse de l’air.
China Girl s’inspire de Kuela Nguyen, la compagne de Jacques Higelin, rencontrée par Iggy et Bowie dans le jardin du studio du château d’Hérouville où ce dernier a déjà enregistré Pin ups. Le succès de la version de China Girl chantée par David Bowie permettra à Iggy qui en partage les droits d’auteur depuis The Idiot de financer une cure de désintoxication à Los Angeles. Réciproquement, Iggy a inspiré à Bowie la technique d’écriture par cut ups empruntée aux écrivains beatniks Jack Kerouac et William Burroughs.
Un artiste aussi acteur
Jim Jarmusch lui consacre le documentaire Gimme Danger, sélectionné à l’édition 2016 du Festival de Cannes après l’avoir fait jouer dans Dead Man aux côtés de Johnny Depp en 1995, Coffee and Cigarettes (2004) et The Dead Can’t Die (2019). The Crow : son climax en tant qu’acteur est atteint en 1996 avec City of Angels de Tim Pope. Car son interprétation du single In the Death Car en 1993 dans la BO d’Arizona Dream d’Emir Kusturica a remporté un succès planétaire. On ne peut pas tout réussir : il apparaît en 2014 dans la publicité pour Le Bon Coin, puis dans le film To Stay Alive : A Method, adaptant Rester vivant : une Méthode de Michel Houellebecq,
Sans doute est-il vain de regretter que n’aient pas été chantés ce soir-là China Girl ou Nightclubbing (single disco morbide aux accords plombés et au rythme corseté de fer qui servira de jingle à l’émission télé Lunettes noires pour nuits blanches de Thierry Ardisson), titres emblématiques d’une période où Bowie avait su assagir la colère de son protégé. The Idiot ne porte-t-il pas rétrospectivement à son zénith l’odyssée musicale de Bowie ? Ce concert semble l’avoir volontairement oubliée au profit de la sauvagerie digne des Stooges dans Raw Power. Merci à Iggy d’avoir pu faire partager aux trois générations réunies aux Vieilles celle d’un mustang pas encore totalement dressé.
Olivier Desouches
Photos Vieilles Charrues : MC
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