Les Wampas tout le monde connaît mais Sugar Tiger malgré trois albums sortis est en quelque sorte plus confidentiel et pour cause il est un peu la recréation de Didier Wampas.
Formé spécialement de membres qui lui sont chers, sa famille, l’inusable Didier Wampas entraîne avec lui sa ravissante compagne Florence au chant et ses deux fils, Arnold à la guitare, Diego à la batterie mais aussi jean Michel le bassiste des wampas .
Avec humour et une énergie folle pendant tout le temps que dura le concert, il se donna à fond, véritable bête de scène escaladant même la structure du décor ou jouant de la guitare debout sur une chaise. D’ailleurs au moment du dernier titre, il demanda au public de se mettre debout sur les sièges, cela ressemblait fort à un petit air contestataire et ‘irrévérencieux’ contre ces mesures drastiques qui nous empêchent de vivre un concert rock comme il se doit.
Et si le public se délectait, on sentait bien combien lui aussi appréciait ces moments de communion malgré les masques qui nous barraient le visage.
« On dirait que l’on est en répète ou alors que vous êtes le jury » déclara sa compagne amusée en regardant le public bien sagement assis sur des fauteuils rouges de la salle l’espace Icare dans le dispositif du Réacteur à Issy les Moulineaux où avait lieu le concert.
Juste avant Sugar Tiger,Diego Palavas était lui aussi animé d’une bien belle énergie teintée d’humour mais surtout il avait un vrai jeu de scène et des mimiques très expressives comme un véritable comédien
« Cette situation a un truc de bien, c’est que c’est bien que vous soyez tous assis, c’est la première fois que tout le monde ne se barre pas vous ne pouvez pas bouger, il y a la sécu à la porte ».
Il interpella les spectateurs qu’il connaissait en les appelant par leurs prénoms.
« Tu es venue avec ton petit ami » ?
Déclara-t-il à une jeune fille puis en s’adressant au jeune garçon à côté : « C’est toi, enlève un peu ton masque qu’on voit ta tête.
Waouh il est beau hein, qu’il est beau » ?
Autant dire que la bonne humeur débutée en cette fin d’après-midi et finissant à 20 heures pour obéir au couvre-feu me fit l’effet d’une véritable cascade rafraîchissant un été trop chaud.
D’ailleurs Didier Wampas n ‘avait cessé vers la fin de son concert de demander à la salle : « Vous avez l’heure » ?
« C’est bon, on a encore un quart d’heure ».
Mais cette fois-ci, il était sevré du véritable contact avec le public qu’ il affectionne tant ne pouvant comme à son habitude aller à leurs rencontre, un peu déboussolé par cette nouvelle façon de vivre ses concerts, il lança en partant
« A la prochaine peut-être ».
Moment aussi très fort à inscrire dans les annales des plus beaux hommages à Jacques Brel, lorsque Didier Wampas empoigna le micro pour chanter un « Ne me quitte ».
Ne me quitte pas tout peut se plier les tables et les chaises….
Un genou à terre dans une posture dramatique, la voix se perdant presque dans un sanglot, il débita la chanson la plus emblématique de Brel à la différence près qu’il en avait réécrit les paroles en style tragi-comique.
Mention spéciale aux organisateurs de cette jolie récréation dans notre monde de brutes, merci d’avoir eu le courage de permettre ce concert, le seul qui eut lieu dans toute l’île de France ce premier samedi de couvre-feu.
Didier Wampas nous a offert de quoi repartir le cœur léger mais jamais rassasiés de son talent.
Helena Mora
Photos Christian Evrard