Journal de bord pour Sugar & Tiger

On est à Calais, il est près de minuit, je dépose Didier à son hôtel, comme souvent après un concert. Il est situé à 10mn de la salle, cela ne me fait pas faire de détour et c’est toujours un plaisir que de discuter avec le dernier des Punks français sur le trajet.

La veille, je suis allé voir les Wampas à Chartres, au festival Le Paille à Sons. Un concert très sympa où Didier a su aller chercher, comme il sait si bien le faire, le public et mettre le feu à la soirée.
Calais, une salle plus petite, entièrement acquise à la cause des Wampas, tranche avec le concert de la veille.
De nombreux enfants étaient présents, âgés d’une dizaine d’années seulement ils connaissaient bien les chansons jouées ce soir. On en discute dans la voiture avec Didier, on parle également vélo, cet inconditionnel du Tour de France et du monde cycliste m’annonce qu’il sera présent sur une étape du Tour cet été, dans la voiture du directeur de course. Moi qui fais de la compétition et qui ai eu aussi cette chance de faire une étape du Tour, on a un terrain d’entente tout trouvé. On discute régulièrement des courses cyclistes qui se déroulent dans l’année et c’est en vrai connaisseur que Didier parle vélo.

On évoque sa nouvelle chanson en hommage à Julian Alaphilippe (coureur cycliste 2 fois champion du Monde, entre autres) qui sortira très prochainement.
Il est l’heure de se dire au revoir, je demande à Didier s’il rentre demain, il me répond par la négative, il doit répéter avec Eliz le lendemain dans le nord et le surlendemain avec Sugar & Tiger sur Paris.
Je lui souhaite bonne nuit et lui me souhaite bonne route, je rentre sur Paris, j’ai 2h30 de route.


On est dimanche, ma compète est annulée, je suis allé faire 80km d’entraînement, je me délasse dans le canapé en triant mes photos des concerts des 2 jours précédents.
Je repense à ma discussion avec Didier et me dis que je serais bien allé voir S&T en répét demain, mais on sera lundi, je bosse… après, en fonction de l’heure à laquelle ils vont répéter, je pourrai peut-être « m’incruster ».


J’envoie un SMS à Didier pour lui demander l’heure à laquelle ils vont répéter et si cela ne dérange pas que j’y assiste.
Sa réponse est la suivante : «you’re welcome» avec l’heure et l’adresse du studio.
J’ai déjà eu le bonheur de passer une journée avec eux en studio d’enregistrement pour les 2 derniers albums, mais ça sera une première pour les répètes. Je suis super excité à l’idée d’y aller, je suis certain que Didier n’imagine pas la joie qu’il me procure.
18h45, j’arrive aux abords du studio situé en région parisienne. Je trouve une place à 50 mètres, j’avais prévu un peu d’avance, le quartier est compliqué en voiture.
J’arrive devant le hall, je ne suis pas sûr d’être au bon endroit, une plaque indique le nom du studio, me voilà rassuré. Au même moment j’entends une voix que je reconnais crier « hey !».
Je me retourne et je vois Didier accompagné d’Arnold (son fils, guitariste). On est synchro ! lui dis-je.

On descend tous les 3 dans un sous-sol où se trouve le studio, la fraîcheur du lieu contraste avec cette chaleur de juin.
Le patron nous salue et nous indique la salle qui nous est réservée. Un tableau noir indique les salles dédiées à chacun des groupes présents ce soir. Le studio numéro 2 sera le nôtre. Jean-Michel (le bassiste des Wampas) est déjà là depuis une heure, il s’est trompé d’heure. Il nous raconte ses anecdotes de problème d’horaires et nous confie qu’une fois il est parti en studio une semaine avant la date prévue, et a fait demi-tour dans le métro quand il s’est aperçu de sa méprise.


Pour tuer le temps en nous attendant, il s’est exercé à la batterie. Il trouve cela amusant mais nous confie qu’il a mal à la cuisse à force de jouer.
19H00 pétantes, Diego (le batteur et également fils de Didier) arrive à son tour, le temps de s’installer les répètes vont pouvoir commencer.
Seule Florence (la chanteuse et compagne de Didier) manque à l’appel, elle est restée à Sète et ne pouvait monter spécialement pour ça, c’est donc un quatuor qui va répéter aujourd’hui, les 3 parisiens et Didier qui profite de son retour du Nord pour faire une halte en IDF. Didier assurera la partie de chant de Florence.


Didier règle son ampli, renforce sa sangle de guitare avec du gaffeur, celle-ci donne des signes de faiblesse et a besoin d’une réparation de fortune.
Diégo, Jean-Michel et Arnold se sont mis en place rapidement, c’est parti pour 2 h.
Casquette rouge vissée à l’envers sur la tête, tee-shirt « on n’est pas très très content » jeans baskets, notre Punk national est en mode décontracté.
«On fait la setlist, lance-t-il ?». Ses acolytes acquiescent et Didier entame Karma, la chanson qui ouvre les concerts sur la tournée. S’en suivent Insomnie, Maohi, Ouh Ouh, à ce moment, je ne résiste pas au plaisir de chantonner et de bouger mon popotin, ce «concert privé» me donne la pêche.


Fan depuis des années, j’ai multiplié les kilomètres pour pouvoir suivre mon groupe, des sentiments étranges se bousculent dans ma tête, bonheur d’être là, spectateur privilégié, fan du premier rang, ou simple moment entre amis, en famille devrais-je dire? Oui, c’est ça, en famille, je me sens vraiment membre de cette famille qui m’a «adopté», je profite des regards complices que me lance Didier, des solos endiablés d’Arnold, des moments de rigolade entre Jean-Michel et Diego, et de leurs délires sur certains morceaux, je me sens totalement intégré et je partage un moment de plaisir tout simplement.
Les titres continuent de s’enchaîner, Rocking On The Sea, Kurt Only Knows, Linda Ramone, Sensationnel…Ce slow qui me ramène aux concerts et me fait penser à Florence. J’avais presque oublié son absence.


Didier qui, lui, ne fait que les chœurs ou quelques couplets d’habitude avec Sugar & Tiger, hormis quelques titres, connait toutes les paroles par cœur et la remplace pour la soirée. Je suis admiratif de sa mémoire, lui qui jongle des Wampas à S&T du jour au lendemain.
Je repense au concert de samedi soir, lorsqu’une fan l’a interpellé avec une affiche où il était écrit « little daewoo», une chanson qu’elle rêvait d’entendre et qui n’était pas sur la setlist.

Didier pour lui faire plaisir a cherché les accords et lui a fait le bonheur de la chanter alors qu’il ne l’avait pas fait depuis des années. Il avait les paroles en tête et nul besoin de prompteur ou autre comme certains artistes. Respect Mr Wampas!
La basse de Jean-Michel se met à rugir « Le Dernier Concert », j’ai une envie de sautiller qui me prend, mes jambes résistent mais mon cerveau chante à tue-tête.
Didier demande où en on est dans la répète, Arnold répond : «Griezmann». Didier ne comprend pas, Arnold insiste, Antoine Griezmann… Griezmann… Brise-Lames (titre du nouvel album) ce jeu de mot pourri nous fait rire, je rétorque que je le couperai au montage… la preuve !

Comme un Chinois, Biker Vegan, Perdu la Tête, Bonjour, Coconut Drive, Mirabelle, c’est bientôt la fin de la liste, le temps passe vite en bonne compagnie.
C’est au tour de La Course Vers le Soleil, puis de ma chanson préférée, la célèbre Car C’est Toi qui clôture la fin des concerts, ce moment où les fans pogotent et sautent dans tous les sens. Qui Saura de Mike Brant termine cette première partie des répètes.Nous allons boire un coup, discuter de tout et de rien. 10 mn de pause qui ouvrent une deuxième session.

 

Grande surprise pour moi, le groupe entame une nouvelle chanson que je ne connais pas. Didier chante un mélange de franglais et de yaourt qui me fait accrocher tout de suite à ce morceau. Quelle chance de le découvrir ainsi. Cerise sur le gâteau, j’ai le plaisir de l’entendre 3 fois puisque le groupe veut la travailler.
La setlist est à nouveau jouée afin de la peaufiner pour les concerts à venir. 2h intenses pour moi mais pour le groupe également. Entre sérieux, bonne humeur et franche rigolade, une grosse séance de travail vient de s’achever.
Il est 21h30, je propose de terminer la soirée au resto, Arnold nous dit qu’il a préparé des Makis pour ce soir et nous invite chez lui pour les déguster. La soirée continue en famille, mais vous n’en saurez pas plus, c’est une histoire de famille.

Christian Evrard 

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