Najoua Belyzel, la voix d’un ange

Elle est belle de cette beauté qui reste jusqu’au dernier souffle celle que l’on nomme la beauté de l’âme.
Son corps parfait et son visage de poupée ont pourtant été flétris, souillés dans ce qu’il y a de plus secret, son intimité.


Un calvaire que lui a fait subir un homme tout à son vice protégé sous le paratonnerre de son statut respectable de médecin de famille.
De ses mains malades, ce tueur de l’innocence a tatoué à l’encre indélébile de son crime son corps fragile et son âme d’enfant de 10 à 13 ans à l’abri des regards de sa famille qui lui avait confié en toute confiance son enfant à guérir d’un mal dont elle n’était pas responsable.
Ce docteur gel qu’elle nomme dans son titre Docteur gel c’est l’aigle noir imposant et terrifiant qui se perche sur son infortune et que chantait Barbara et comme la grande dame en noir qui est revenue sur son histoire des années plus tard avec Nantes, Najoua revient sur la sienne avec ce titre au jeu de mots saisissant ce con qui s’adore entendez comme un conquistador.


Cette fois-ci elle embrasse en un titre la cause des femmes, des enfants souillés, des femmes battues, violées ou abusée.
Najoua n’a pas attendu cette ère du « me too » et « balance ton porc » pour libérer sa parole puisque Docteur gel est sorti en 2005 n’en déplaise à certains elle ne surf donc pas sur le mouvement féministe et les cris d’alerte venant des USA, alertes lancées par le biais des stars américaines et qui ont délié les langues de nos stars à nous.
Désormais maman de deux petite filles, Najoua se sent enfin prête à dire l’indicible. Elle est comme investie d’une mission : dire ses maux pour qu’elle serve d’exemple à d’autres enfants comme elle innocents. Cette douleur longtemps cachée, elle l’expose désormais, je dirais même elle l’explose au soleil aveuglant des médias.


Rimbaud écrivait « on n’emporte pas sa patrie à la semelle de ses chaussures » pourtant pour les enfants abusés que ce soit par des attouchements ou autres, ils emportent les fêlures, les cassures de leur enfance bafouée à la semelle de leurs chaussures jusqu’à leurs derniers pas.
Au cours de ses 15 années de carrière, celle qui s’est fait connaitre du grand public avec un titre où il fallait déjà lire entre les lignes Gabriel a semé tel le petit poucet au creux de ses titres sa souffrance.
Elle a extirpé ce mal en elle par sa musique, sa bouée de sauvetage pour porter haut ce cri pourtant si évident qui dit que l’on soit enfant ou adulte, notre corps nous appartient, nul n’a le droit d’en disposer sans notre consentement et cela au-delà même des lois si souvent perçues comme un parapluie troué par endroits.


Véritable éponge, la petite fille qu’elle n’a jamais cessé d’être se sent sœur des autres enfants, de ces enfants dont on connait malheureusement le nom pour l’avoir trop souvent lu dans les premières pages de la presse et que l’on nous ressort au grès des nouveaux indices comme une marée qui va et vient, ces enfants perdus, victimes comme elle d’une main adulte qui aura étouffé leur enfance.
En mémoire de ces enfants-là, elle leur a écrit Que sont-ils devenus. Dans son clip, elle ressort le terrifiant conte de Charles Perrault le petit chaperon rouge, image sanglante comme un hymen déchiré de ce que l’on nomme la pédophilie.
Avec un immense courage, Najoua a entrouvert pour moi les portes de son enfer et j’ai recueilli au fil de mes mots ce cœur palpitant encore d’effroi même bien des années plus tard et sanguinolant encore des blessures qu’on lui a infligées jadis.
Elle vous le livre ici à nu avec résilience et sincérité.
Sur le chemin de sa vie, cet ange aux ailes brutalement arrachées qui se représente dans son clip comme l’on fait les grands peintres du 20ème siècle à croiser un jour un homme celui qui commença par être son coach, son ami, son mari, le père de ses enfants Christophe Cazanave lui seul lui a recollé ses ailes et elle a pu alors avec la force de cet amour-là voler jusqu’aux sommets des charts.


Cette douleur, ils la portent depuis à deux. Désormais, elle est synonyme de force intérieure car comme l’écrivait Nietzche « ce qui ne tue pas nous rend plus fort ».
Et si seulement être devenue chanteuse ne serait-ce pas tout simplement cette envie de se battre désormais contre cette bête immonde qu’est la pédophilie et qui terrasse encore des millions d’enfants dans le monde.
Pour la vaincre et pour toute arme, cette inlassable guerrière porte fièrement sa musique comme un glaive.
Tout d’abord, Najoua s’était tournée vers une carrière dans la justice peut-être pour épancher sa soif de réparer l’irréparable mais jusqu’au bout son agresseur a eu le dessus puisque du fond de sa cellule il s’est donné la mort avant le jugement restant pour l’éternité impuni aux yeux de la société même si cette mort sonne plus fort qu’un aveu, elle ampute Najoua de son droit à la justice.
Le visage de docteur gel la hantera tel un spectre mais de cette douleur est né quelque chose de positif sa carrière et son combat.

Helena Mora

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