Philippe Pascal vu par Dominique A, Daniel Paboeuf, Pierre René-Worms et Richard Dumas

Hommage à Philippe Pascal du 20 au 24 Juin à Rennes afin de perpétuer la mémoire de cette figure rennaise.

A chacune de ses apparitions scéniques au sein de Marquis de Sade, Marc Seberg, Philippe Pascale ou The Blue Train Choir, Philippe Pascal a incarné pendant plus de 30 ans l’idée de Rennes ville rock. À l’initiative de Claire Pascal, l’association 3 P’tit Tour, la Ville de Rennes et la région Bretagne s’associent pour lui rendre hommage afin de perpétuer la mémoire de ce chanteur charismatique.

Chanteur, compositeur, écrivain, Philippe Pascal a produit une œuvre pléthorique qui sera reprise par les nombreux amis, musiciens et artistes qu’il a croisé au cours de sa longue carrière. Ce concert a lieu à la mythique salle de la Cité qui pourrait reprendre pour l’occasion la couleur des premières rencontres Transmusicales que Marquis de Sade avait illuminé de sa présence dès 1979.

DOMINIQUE A ©Jérôme Bonnet

Bien au-delà du kilomètre alors réglementaire, via les tuyaux numériques, avec une reprise d’un groupe cher à Dominique A, «L’éclaircie» de Marc Seberg, chanson dont le propos exhortant à la patience lui semblait de circonstance. Cette reprise ayant été bien accueillie.

« Philippe Pascal a été pour moi un éclaireur, une balise dans mon parcours d’amateur de musique et de musicien, depuis l’adolescence, et en particulier avec le deuxième album de Marc Seberg, Le chant des terres, qui m’a conforté dans le choix du chant en français, et dans une approche assez lyrique de l’écriture des chansons. Je l’ai un peu côtoyé, et nous nous sommes loupés artistiquement plusieurs fois, jusqu’à la fin, puisqu’il était question d’une éventuelle collaboration sur des textes peu avant sa disparition. Disparition qui m’a pas mal secoué, remuant pas mal de souvenirs, au point de lui consacrer un petit ouvrage, Fleurs plantées par Philippe (2020), retraçant ma relation à sa musique sur plus de 35 ans, et d’enregistrer une reprise du morceau phare de Marc Seberg, L’éclaircie ».

DANIEL PABOEUF ©Laurent Guizard

Formé au Conservatoire de Rennes et à l’ École normale de musique de Paris, Daniel Paboeuf est issu de l’effervescence musicale rennaise de la fin des années soixante-dix et du début des années quatre-vingts (Marquis de Sade, Anches doo too cool duo, Ubik, Sax Pustuls,Tohu-bohu, Le Train fantôme) Daniel Paboeuf mélange connaissances techniques et approche empirique pour créer son propre style. C’est ce son particulier qui lui a permis de collaborer avec des artistes aussi différents qu’Afrika Bambaata, Ima Sumac, Étienne Daho, Niagara, Françoise Hardy, Alain Chamfort, Kas Product ou encore Rowland S. Howard…

« Le premier concert de Marquis de Sade, aux Halles des Lices en première partie des Damned, j’ y assistai dans la salle, estomaqué du concert et du public. Ce que je ne savais pas c’était que Philippe était aussi dans la salle et, quelques jours après, nous allions nous retrouver tous les 2 en répétition avec Marquis de Sade ! »

PIERRE RENÉ-WORMS ©Pierre René-Worms

Entre 1977 et 1983, Pierre René-Worms fait ce qu’aucun « photographe rock » de l’époque ne fait en France. Il a le même âge que les Cure, Joy Division, U2, Marquis de Sade, Étienne Daho, Rita Mitsouko. Il a la chance de tomber dans cet entre-deux qu’on appelle en France, un peu à contre-sens, « new wave », et ailleurs plutôt « post-punk » : funk blanc spasmodique, électro-pop, jazz minimaliste, musique industrielle, disco-pop néo-romantique, énergies et délires explosent dans tous les sens.

« À l’époque, les groupes se prêtaient à tout. J’aimais faire quelque chose de décalé. Ma démarche était d’être  magazine, vie quotidienne. J’avais une volonté de rencontre, de proximité, d’échange…  J’ai rencontré Philippe Pascal à la fac À la fac de Lettres de Dijon. C’était le 26 novembre 1979 et le magazine Actuel m’avait commandé un reportage sur un groupe punk-hadcore new-yorkais qu’on appelait les « Américains de Dijon » et qu’un libraire dijonnais avait fait venir pour un concert dans l’amphithéâtre de la faculté de Lettres. Ce libraire, Bernard Zekri, qui fera ensuite découvrir à la France entière le hip-hop et le rap, avait programmé en première partie un groupe français encore inconnu à Paris et qui n’avait sorti qu’un 45 tours, Marquis de Sade. Dans la salle des profs, je rencontre le groupe en tournée qui allait faire la première partie de ce groupe qui s’appelait en fait CircleX. »

L’image n’est pas encore verrouillée par le marketing et les « plans com’ ». On est libre, on a le temps. Pierre se balade avec tous ces « jeunes gens modernes » à Paris, Londres ou Rennes. Ses photos se retrouvent dans Actuel, Libération, Le Monde de la musique, Rock & Folk, Best.

« Dès le premier contact, je suis fasciné par le regard et le magnétisme de Philippe. Une impression de force qui se révèlera encore plus prégnante sur scène.  Alors que j’étais venu pour un tout autre reportage, je me retrouve à capter le magnétisme de Philippe sur cette scène improvisée dans un amphi de lettres. Ces premières photos de scène ne devaient pas être utilisées dans le magazine. Mais la force de la gestuelle de ces images conduiront le journal à consacrer une pleine page avec quatre photos de Philippe qui sont présentées pour la première fois dans cette exposition. Le hasard de la promotion fera que je retrouverai le groupe une quinzaine de jours pour l’enregistrement de l’émission d’Antenne2, Chorus, précurseur des Enfants du rock. Ces rapides retrouvailles feront naître une complicité qui durera toute la durée d’existence de Marquis de Sade. Je les suivrais dans leur dernière tournée et lors de leur dernier concert en 82. Puis Marc Seberg est arrivé. Et nos chemins se sont séparés. »

Richard Dumas @Amaury Voslion

À l’époque où Richard Dumas lui jouait de la guitare dans le groupe punk rennais, TVC15,  il prenait aussi beaucoup de photos de concerts, rencontrait les musiciens qu’il aimait en coulisses, les sollicitait pour de courtes séances de poses. À partir de 1991, délaissant lâchement (dixit) son doctorat en robotique, il devient photographe professionnel au retour d’un voyage au Japon, après une rencontre avec Christian Caujolle, fondateur de l’agence  VU et directeur Photo au quotidien Libération. Il expose régulièrement depuis 1990, mais son terrain favori reste la presse, pour laquelle il réalise des portraits devenus des icônes, Jean-Luc Godard, Keith Richards, David Lynch, Miossec, entre autres. Il est aussi l’auteur de nombreuses pochettes de disques, dont peut-être  la plus significative est celle de  » L’imprudence » de Alain Bashung.
Richard Dumas a exposé de nombreuses fois, après avoir été remarqué en 1990 par le légendaire critique d’art Bernard Lamarche-Vadel. En 2002, la galerie VU  lui consacre une rétrospective. En mars 2003, il a publié Suite (éditions Lieux Dits), un livre où se succèdent démocratiquement portraits, paysages et objets.
Il est actuellement représenté par la galerie POLKA, Paris. qui l’exposa en 2017. Il continue à travailler pour Le Monde, Libération ou Télérama.

« Philippe était comme un frère pour moi. Dès notre rencontre, lors d’un concert de son premier groupe Penthotal Lethal, avant qu’il ne rejoigne Marquis de Sade sur ma recommandation,  ce fût magnétique; nous étions frères, en musiques et en rigolades. A la sortie de l’album Closer de Joy Division, je me souviens que nous avions passé des mois à décrypter ensemble les paroles de Ian Curtis, personnage qui hantait  nos vies.  Entre nous il restera toujours ces paroles de « The Eternal » que nous avions eu un mal fou à déchiffrer : « Procession moves on, the shouting is over / La procession avance, les cris sont terminés / Praise to the glory of loved ones now gone./ Louanges à la gloire de ces êtres chers qui sont partis. »  Devenir immortel, et puis mourir, n’était-ce pas l’ambition déclarée de Jean-Pierre Melville, alias Monsieur Parvulesco, dans A Bout de Souffle? »

Auteur de la photo qui a inspiré le tableau de Tonio Marinescu qui illustre ces 2 jours d’hommage, Pierre René-Worms a immortalisé par la photographie une période charnière de l’histoire de la musique du punk rock à la new wave dont il a su traduire toute la beauté et l’énergie. Ainsi ce sont ses tirages de ces « jeunes gens modernes » réalisés entre Paris, Londres ou Rennes, entre chambres d’hôtel, scènes ou backstages, qui seront exposés sur les murs du Jeu de Paume.

Liste des participants le 24 Juin :
Marquis de Sade : avec Franck Darcel, Thierry Alexandre, Eric Morinière, Nico Boyer, Daniel Paboeuf
Au chant Franck Darcel, Sergeï Papail, Christian Dargelos, Richard Dumas, Pascal Obispo
Marc Seberg : avec Pascale Le Berre, Pierre Corneau, Anzia, Gael Desbois
Au chant : Frédéric Lo, Dominique A, Mona Soyoc, Pascal Obispo, Alan Stivell
Philippe Pascale : avec Pascale Le Berre et Flora Fisher
Au chant : Pascale Le Berre et Dominique A
The Blue Train Choir : avec Goulven Hamel et Pierre Fablet
Au chant : Goulven Hamel et Pierre Fablet
Habillage vidéo : Pierre-Jean Pascal / fresque murale, Patrice Poch / présentation : Marie Herbault


Vendredi 24 juin – Salle de la Cité – 10 rue Saint Louis – 28€ (Hors frais de location) Billetterie Fnac // facebook.com/3ptittour

Le Jeu de Paume, 12 rue Saint-Louis, Rennes – Entrée Libre
Du lundi 20 au Vendredi 24 juin (Lun.14h- 19h, Mar-Jeu. 10h- 19h, Ven. 10h-16h)

Concert de Denis Bortek et Daniel Paboeuf au Bistro de la Cité – jeudi 23 juin – 5€
(Organisation : Bistro de la Cité)

Photo de couverture Philippe Pascal©Emmanuel Pain

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