Maneskin est mis au pilori du net

Drogue ou pas… l’important c’est cette touche acide et non aseptisée que le groupe italien Maneskin apporte à cette Eurovision qui a bien changé et dont presque plus aucun participant ne chante dans sa propre langue.

Lorsque j’étais petite le soir de l’Eurovision, c’était la fête, nous nous réunissions dans le salon et notre cœur battait la chamade.
De nos jours, je regarde l’Eurovision en dilettante, certes Barbara Pravi trouve une place dans mon cœur mais le groupe sulfureux italien porte sur ses épaules l’histoire du rock comme une cicatrice indélébile et est de ceux que j’irais voir en concert.
Ils ont le charisme du leader qui plane comme un ange noir au-dessus du groupe et rien que ça c’est rock même s’ils ont un peu lifté ce rock-là en introduisant un peu de rap.
Il y a du sang des Doors, de Nirvana, de Placebo, d’ACDC ou autres qui coule dans les veines de ce grand gaillard aux boucles d’oreilles pendantes comme les portraits des mignons d’Henri III.
Il y a du sexe, de la déchéance et du cuir, cocktail explosif des rois du rock.
Les guitares, la basse sonnent juste et la voix éraillée du leader signe cette appartenance là.


Alors scandale ou pas, tout de leur comportement, de leur apparence se dessine dans cette musique qui a franchi les plus grandes scènes du monde.
Maneskin a donné ses lettres de noblesse à l’Eurovision. Ils ont dépoussiéré cette vieille institution qui ronronnait depuis des années comme un gros chat rassasié.
Ils ont secoué les lustres et nous ont offert une vraie prestation.
Même si j’ai effectivement vu le chanteur se pencher sur la table, cela ne m’a pas plus choqué que ça, tant leur look gothique faisait passer le geste illicite pour banal dans ce genre de formation et de toute façon, on ne peut rien affirmer le leader ayant réclamé face aux accusations qui ont surgit de se faire tester, on attend les résultats.
Et puis le tribunal du net n’a-t-il rien vu de plus que cela et pas que ce groupe réveillait enfin cette soirée ?
Si le groupe est disqualifié, la victoire de la France aura le goût bien amer de la défaite pour moi car ce n’est pas elle que le public a élue.
D’autre part, Maneskin en chantant dans leur propre langue a fait comprendre une fois de plus que le vrai rock n’a pas de langue mais un langage corporel visuel et tout le reste vient des tripes.
Le public ne s’y est pas trompé et je me suis souvenu d’une confidence que m’avait faite un des plus grand tourneurs et producteurs mondiaux, la nounou des stars dit-on, « quand on arrivait en backstage, on était toujours accueilli avec : tu veux un rail ? C’était un peu la carte de visite de cette époque là » poursuivit-il.
Alors peut-être que Maneskin bien que beaucoup plus jeunes est aussi biberonnés par cette époque-là par cette façon de vivre très rock et planante.
Quoi qu’il en soit, ils ont brillé aux yeux de l’Europe entière, enflammant littéralement la scène, nous n’étions plus à l’Eurovision, nous étions à un vrai concert rock.

Helena Mora

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